La mère qui pleure
J’ai presque perdu la vue
A suivre le jeune oiseau
Qui, du sommet d’un roseau,
S’est élancé vers la nue.S’il ne doit plus revenir,
Pourquoi m’en ressouvenir ?Bouquet vivant d’étincelles,
Il descendit du soleil
Eblouissant mon réveil
Au battement de ses ailes.S’il ne doit plus revenir,
Pourquoi m’en ressouvenir ?Prompt comme un ramier sauvage,
Après l’hymne du bonheur,
Il s’envola de mon coeur,
Tant il craignait l’esclavage !S’il ne doit plus revenir,
Pourquoi m’en ressouvenir ?De tendresse et de mystère
Dés qu’il eut rempli ces lieux,
Il emporta vers les cieux
Tout mon espoir de la terre !S’il ne doit plus revenir,
Pourquoi m’en ressouvenir ?Son chant que ma voix prolonge
Plane encore sur ma raison,
Et dans ma triste maison
Je n’entends chanter qu’un songe.S’il ne doit plus revenir,
Pourquoi m’en ressouvenir ?Le jour ne peut redescendre
Dans l’ombre où son vol a lui,
Et pour monter jusqu’à lui
Mes ailes ont trop de cendre.S’il ne doit plus revenir,
Pourquoi m’en ressouvenir ?Comme l’air qui va si vite,
Sois libre, ô mon jeune oiseau !
Mais que devient le roseau,
Quand son doux chanteur le quitte !S’il ne doit plus revenir,
Pourquoi m’en ressouvenir ?
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Marceline DESBORDES-VALMORE
Marceline Desbordes-Valmore, née à Douai le 20 juin 1786 et morte à Paris le 23 juillet 1859, est une poétesse française. Elle est la fille d’un peintre en armoiries, devenu cabaretier à Douai après avoir été ruiné par la Révolution. À la fin de 1801, après un séjour à Rochefort et à Bordeaux, Marceline et sa mère... [Lire la suite]
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