Poème 'La Malédiction' de Paul ÉLUARD dans 'Mourir de ne pas mourir'

La Malédiction

Paul ÉLUARD
Recueil : "Mourir de ne pas mourir"

Un aigle, sur un rocher, contemple l’horizon béat. Un aigle défend le mouvement des sphères. Couleurs douces de la charité, tristesse, lueurs sur les arbres décharnés, lyre en étoile d’araignée, les hommes qui sous tous les cieux se ressemblent sont aussi bêtes sur la terre qu’au ciel. Et celui qui traîne un couteau dans les herbes hautes, dans les herbes de mes yeux, de mes cheveux et de mes rêves, celui qui porte dans ses bras tous les signes de l’ombre, est tombé, tacheté d’azur, sur les fleurs à quatre couleurs.

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Commentaires

  1. Enfant d’aigle et de phénix
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    Aigle et phénix au ciel sont comme des égaux,
    L’un pour l’autre chantant d’une voix tendre et grave ;
    Quant à l’aigle-phénix, c’est un oiseau fort brave,
    Puis il est très malin, ce n’est pas un nigaud.

    Il dit des oraisons, mais il n’est point bigot,
    Il a des provisions, des tonneaux dans sa cave ;
    Mais il ne mange pas comme un canard qu’on gave,
    Il coupe proprement des tranches de gigot.

    Son vol est élégant, sauf quand il a trop bu,
    Mais il est rarement tombé dans cet abus,
    C’est un aigle-phénix, ce n’est pas une andouille.

    D’une tendre vestale il fut jadis épris,
    Dont, pour son grand malheur, il ne fut pas compris,
    Et qui, bien durement, le traita de gargouille.

  2. Aigle de Talence
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    C’est l’aigle, un noble caractère,
    Et j’aime l’entendre se taire ;
    Il n’est pas d’oiseau plus charmant,
    C’est ce que je pense, vraiment.

    Il peut planer loin de la terre,
    Il peut capturer des panthères ;
    Il est un remarquable amant,
    Il se tait, jamais il ne ment.

    Nul ne peut savoir ce qu’il pense,
    Cet aigle, seigneur de Talence ;
    C’est ce dont il n’a nul souci.

    Très doux, jamais il ne se moque
    Des grands oiseaux de son époque,
    Lesquels le respectent aussi.

  3. Sagesse d’un ambirapace
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    Il aime déchiffrer d’étranges caractères
    Qu’il apprit autrefois, lui, l’universitaire ;
    Il peut les assembler en poèmes charmants
    Que traduire pour vous je ne peux pas vraiment.

    Parmi tous les oiseaux, c’est un grand dignitaire,
    Comme sur terre sont le tigre et la panthère ;
    Il est tantôt sévère et tantôt fort clément,
    Surtout pour les poissons de son cher lac Léman.

    C’est notre ambirapace, oiseau de transcendance,
    Abreuvé d’idéal et nourri de silence ;
    Il est capable aussi de vivre sans souci.

    Il aime interpréter les textes équivoques,
    Il en a consulté de toutes les époques ;
    Moi, je ne saurais point me divertir ainsi.

  4. Aigle sans nom
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    Le ciel est sur mon arbre une vaste coupole,
    Ma branche danse au vent qui vient des nécropoles ;
    Moi qui n’ai pas voulu porter un nom banal,
    Je suis l’aigle anonyme, un oiseau marginal.

    Je demeure à ma place, avare de paroles,
    Très sobrement je mange et rarement je vole ;
    J’ai deux ou trois amis, revêtus de métal,
    Ce sont des hommes forts, mais aucun n’est brutal.

    Du Pôle à l’Équateur je plane sans effort,
    Sans crainte je franchis les Portes de la Mort ;
    Ma vie n’est pas précaire, elle est surnaturelle.

    Mais j’aimerais trouver une âme fraternelle,
    Qui accompagnerait mon errance éternelle ;
    Je le dis à ma femme, elle n’est pas d’accord.

  5. Analyse du poème la malédiction

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Paul ÉLUARD

Portait de Paul ÉLUARD

Paul Éluard, de son vrai nom Eugène Émile Paul Grindel (14 décembre 1895 à Saint-Denis – 18 novembre 1952 à Charenton-le-Pont ), est un poète français. C’est à l’âge de vingt et un ans qu’il choisit le nom de Paul Éluard, hérité de sa grand-mère, Félicie. Il adhère au dadaïsme et est l’un des... [Lire la suite]

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