La Maison paternelle
Inoubliable est la demeure
Qui vit fleurir nos premiers jours !
Maison des mères ! C’est toujours
La plus aimée et la meilleure.Ici c’est le papier fleuri
Dont, les jours de fièvre moroses,
Nous comptions les guirlandes roses
D’un long regard endolori.Là, vers Noël, à la nuit proche
Nous déposions nos souliers…
Combien de détails familiers
S’éveillent au bruit d’une cloche !C’est que la plus jeune sœur
Apprit à marcher en décembre ;
Le moindre coin de chaque chambre
A des souvenirs de douceur.Rien n’a changé ; les glaces seules
Sont tristes d’avoir recueilli
Le visage un peu plus vieilli
Des mélancoliques aïeules.Tout est pareillement rangé
Et, dans la lumière amortie,
S’éternise la sympathie
Du logis qu’on n’a pas changé :Fauteuils des anciennes années
Où l’on nous couchait endormis,
Fauteuils démodés, vieux amis,
Avec leurs étoffes fanées,Meubles familiarisés
Par une immuable attitude,
Mettant des charmes d’habitude
Dans les salons tranquillisés.Jardin en fleur, vigne, tonnelle,
Empreinte vague de nos pieds
Sur les tapis et les sentiers,
O sainte maison paternelleQui donc pourrait vous oublier,
Logis où dort notre âme en cendre,
Surtout quand on a vu descendre
Des cercueils chers dans l’escalier !…
Poème préféré des membres
rakotomandimby a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Georges RODENBACH
Georges Rodenbach (né le 16 juillet 1855 à Tournai et mort le 25 décembre 1898 à Paris) était un poète symboliste et un romancier belge de la fin du XIXe siècle. Issu d’une famille bourgeoise d’origine allemande – son père, fonctionnaire au ministère de l’Intérieur, est vérificateur des poids et mesures ;... [Lire la suite]
BEAU POEME
Un ami vient de me communiquer votre site de poemes , je l'adore , je me demande pourquoi je ne l'avais pas su depius tout ce temps ? Tous mes remerciements.
Cinquante ans après , j'ai retrouvé ce poème. Il me rappelle mon enfance. Quand j'étais petit, à l'école notre maître nous lisait ce poème et je m'imaginais grand, mes parents morts , alors je commençais à pleurer.
Pas à proprement un commentaire mais une question. Ce poème, très beau, parle de la maison paternelle de Georges Rodenbach. Mais tout le monde n'est pas d'accord. Est-ce qu'il s'agit de la maison de Bruges, de Tournai ou de Gand ? Merci de me répondre.
Le plus Beau Poème de Georges R.