La maison des enfants
La maison des enfants
Est livrée au grand vent
Leurs chambres sont désertes.
Le grand vent du matin
Ne dénoue au jardin
Nul ruban de soie verte.Plus de mots hésitants
Et plus de compliments
Au midi de ma fête
Et plus de petits pas,
Plus de secrets tout bas
Ni de cris à tue-tête.Loin de moi grandissez
Enfants de mon passé
Qui vivez en voyage,
Puis venez à mon cœur
Fontaine de mes pleurs
Y puiser votre image.Usez de mon amour.
Votre jour est toujours
L’objet de mon envie.
Revenez à mes bras,
Ne vous éloignez pas
Du sein de votre vie.Êtes-vous nés trop tôt
Rires de mes berceaux
À l’âge du quadrille ?
Êtes-vous nés trop tard
Enfant de mes hasards,
Enfants petites filles ?Le jardin est pareil,
L’abeille et soleil
Y font leur course à l’aise,
Mais sous les hauts sapins
Plus de jeux anciens
Plus de chansons Françaises.Plus de baisers le soir
Ni de peur dans le noir
Où vient rôder le diable,
Plus de jouets cassés,
Plus de genoux blessés
Ni de châteaux de sable.Enfants, c’est mon passé
Passé que vous bercez
Au jardin de Verrières,
Car je riais aussi
Sous l’arbre que voici
Et que planta mon père.Les jours sont abîmés.
Aurais-je trop aimé
Le pas qui déconcerte ?
Je suis seule à présent
Voyageuses enfants
Devant la porte ouverte.1945
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Louise de VILMORIN
Louise Levêque de Vilmorin, dite Louise de Vilmorin, est une écrivaine française née le 4 avril 1902 à Verrières-le-Buisson (Essonne) où elle est morte le 26 décembre 1969. Née dans le château familial d’une célèbre famille de botanistes et grainetiers, elle se fiance en 1923 à Antoine de Saint-Exupéry mais épouse... [Lire la suite]
Commentaires
Aucun commentaire
Rédiger un commentaire