La magicienne
En tous lieux, même au pied des autels que j’embrasse,
Je la vois qui m’appelle et m’ouvre ses bras blancs.
Ô père vénérable, ô mère dont les flancs
M’ont porté, suis-je né d’une exécrable race ?L’Eumolpide vengeur n’a point dans Samothrace
Secoué vers le seuil les longs manteaux sanglants,
Et, malgré moi, je fuis, le coeur las, les pieds lents ;
J’entends les chiens sacrés qui hurlent sur ma trace.Partout je sens, j’aspire, à moi-même odieux,
Les noirs enchantements et les sinistres charmes
Dont m’enveloppe encor la colère des Dieux ;Car les grands Dieux ont fait d’irrésistibles armes
De sa bouche enivrante et de ses sombres yeux,
Pour armer contre moi ses baisers et ses larmes.
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José-Maria de HEREDIA
José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d’origine cubaine, naturalisé français en 1893. En tant que poète, c’est un des maîtres du mouvement parnassien, véritable joaillier du vers. Son œuvre poétique est constituée d’un unique recueil, « Les... [Lire la suite]
Ambicoq d’azur
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C’est l’ambicoq d’azur, sa prose est enivrante,
La fine poule blanche en tire volupté ;
Il a bon caractère et robuste santé,
Puis il sait raconter des histoires marrantes.
Ce monde est, semble-t-il, conforme à ses attentes ;
Il a de la prestance et de l’autorité,
Le poulailler lui laisse un peu de liberté,
La faisane, elle-même, est assez peu distante.
Il mange du maïs, il mange quelques vers,
Il ne se force pas pour les légumes verts,
Il use de son charme auprès des nobles dames ;
Il apprend des sonnets, mais plutôt rarement,
Avant de s’endormir, il les dit, doucement,
Ainsi qu’un musicien qui révise ses gammes.