La harpe de madame de Genlis
Comtesse aux yeux dorés, je l’ai toujours connue
Cette harpe ; elle était près de votre portrait,
Chez mon père ; et, déjà, sa langueur ingénue
Faisait un peu semblant de garder un secret.Cette harpe, elle avait orchestré votre vie ;
Et, confidente d’un roman cher et fatal,
Elle savait si votre fille Pulchérie,
Par les soins de l’amour, avait du sang royal ?Cette harpe, elle avait, sur ses cordes légères,
Conservé tous les noms des danseurs éphémères
Qui vous environnaient d’un éternel désir ;Et, quand on la regarde, on croit parfois entendre
Un arpège qui va, silencieux et tendre,
De vos premiers serments à vos derniers soupirs.
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Rosemonde GÉRARD ROSTAND
Louise-Rose-Étiennette Gérard, dite Rosemonde Gérard, poétesse française, est née le 5 avril 1866 à Paris où elle est morte le 5 juillet 1953.
Elle est la petite-fille du comte Étienne Maurice Gérard, héros de Wagram. Son parrain est le poète Leconte de Lisle et son tuteur Alexandre Dumas. Dodette était son surnom... [Lire la suite]
Cheval de gueules
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De gueules, ce cheval vit en terre inconnue ;
Il est assez ardu d'en faire le portrait,
Car cette bête-là, qu'on dirait ingénue,
Souvent cache son corps dans des endroits secrets.
Lorsqu'un dragon volant surgit du fond des nues,
Il porte un cavalier qui le perce d'un trait ;
Et le monstre subit une déconvenue,
Qui à son triste sort jamais ne se soustrait.
Cheval, tu vas, au gré de ta course légère,
Combien vis-tu mourir de dragons éphémères
Qui n'accomplirent point leurs funestes désirs ?
Dans la lueur du soir, je crois parfois entendre
Des redoutables arcs la corde se détendre,
Et la flèche voler dans le bruit d'un soupir..
Chantecler du bout de l’an
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C’est un an qui s’ajoute, un an qui se soustrait.
Maître Coq bat de l’aile et jamais ne s’envole ;
Les poules sont à lui, les sages et les folles,
Qu’il instruit sans tomber dans un discours abstrait.
Or, j’aime, au long du jour, écouter ses paroles,
Car tantôt ça m’instruit, tantôt ça me distrait ;
D’une poule ou de l’autre il brosse le portrait,
Ou nous fait découvrir le pouvoir des symboles.
Comme des oisillons au sortir de leur nid,
Les poussins, ses enfants, découvrent l’infini ;
Heureux gallinacés, il faut tenter de vivre !
Et j’admire ce coq, qui pour son devoir vit,
Qui chante le matin (nous en sommes ravis,
Puisque sa belle voix résonne comme un cuivre).