Poème 'La grecque poésie orgueilleuse se vante' de Joachim DU BELLAY dans 'Les Regrets'

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La grecque poésie orgueilleuse se vante

Joachim DU BELLAY
Recueil : "Les Regrets"

La grecque poésie orgueilleuse se vante
Du los* qu’à son Homère Alexandre donna,
Et les vers que César de Virgile sonna,
La latine aujourd’hui les chante et les rechante.

La française qui n’est tant que ces deux savante,
Comme qui son Homère et son Virgile n’a,
Maintient que le laurier qui François couronna
Baste seul pour la rendre à tout jamais vivante.

Mais les vers qui l’ont mise encore en plus haut prix
Sont les vôtres, Madame, et ces divins écrits
Que mourant nous laissa la reine votre mère.

Ô poésie heureuse, et bien digne des rois,
De te pouvoir vanter des écrits navarrois,
Qui t’honorent trop plus qu’un Virgile ou Homère !

(*) louange

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Commentaires

  1. Âne-girafe de sinople
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    Ce modeste seigneur, qui jamais ne se vante,
    Dans son travail, toujours, satisfaction donna ;
    Dès l’aube, en notre cour, son clair appel sonna,
    Il est assez joyeux, c’est un âne qui chante.

    Sa mère la girafe était plutôt savante,
    Comme notre pays pas très souvent n’en a,
    Dame de bon renom, que le roi couronna,
    Et dans notre mémoire à tout jamais vivante.

    L’âne-girafe, il est encore en plus haut prix,
    Car il nous amusa par de divins écrits
    Dignes, à tous égards, de son auguste mère.

    Cet âne de sinople aurait pu être roi,
    Mais il aime plutôt, selon ce que je crois,
    Relire les bouquins de Virgile et d’Homère !

  2. Marquis picrocholin
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    Il se dit grand seigneur, mais je crois qu’il se vante ;
    C’est juste une apparence, un air qu’il se donna.
    Ce titre de marquis qu’on lui abandonna
    Est d’un pauvre terroir que le mistral évente.

    Son coeur est timoré, son âme est peu savante ;
    Son précepteur, dit-on, souvent le sermonna
    Et d’un grand bonnet d’âne aussi le couronna,
    Son attention toujours est un peu dérivante.

    Ses vêtements non plus ne sont pas d’un grand prix,
    De nombreux chroniqueurs ont sur la chose écrit
    Qui connurent cet homme et qui nous informèrent.

    Il est très éloigné de la faveur du roi,
    Mais il en tire orgueil, grand seigneur qu’il se croit,
    En dépit des leçons de son aimable mère.

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Joachim DU BELLAY

Portait de Joachim DU BELLAY

Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou, et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la « Pléiade », groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, « la Défense et illustration de la langue... [Lire la suite]

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