La Grande Chartreuse
J’ai vu, tels que des morts réveillés par le glas,
Les moines, lampe en main, se ranger en silence,
Puis pousser, comme un vol de corbeaux qui s’élance,
Leurs noirs miserere qui plaisent au coeur las.Le néant dans le cloître a sonné sous mes pas ;
J’ai connu la cellule, où le calme commence,
D’où le monde nous semble une mêlée immense
Dont le vain dénoûment ne nous regarde pas.La blancheur des grands murs m’a hanté comme un rêve ;
J’ai senti dans ma vie une ineffable trêve :
L’avant-goût du sépulcre a réjoui mes os.Mais, adieu ! Le soldat court où le canon gronde :
Je retourne où j’entends la bataille du monde,
Sans pitié pour mon coeur affamé de repos.
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René-François SULLY PRUDHOMME
René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme, né à Paris le 16 mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907, est un poète français, premier lauréat du Prix Nobel de littérature en 1901. Fils d’un commerçant, René Armand Prudhomme, qui souhaite devenir ingénieur, fait ses études au lycée Bonaparte,... [Lire la suite]
Une pieuse retraite
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https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/07/20/une-pieuse-retraite/
e traîne la savate aux environs d’Albi ;
Au bord de mon chemin je vois un monastère.
Trois moines en latin chantent les vieux mystères,
Besoin d’un quatrième, ils m’offrent un habit.
De nos quatre gosiers, le grégorien vrombit,
Et son enchantement se répand sur la terre ;
Bientôt surviendra l’heure où l’on se désaltère,
Moines toujours pour boire ont de bons alibis.
Quand nous aurons bien bu, au plus chaud du dortoir
Dans quatre lits carrés, dormant comme des loirs,
Tous quatre nous ferons des rêves de chanoines.
Demain, aux premiers feux du grand soleil radieux,
A mes trois compagnons je ferai mes adieux.