La Fermière
Étrennes à madame G***
Amour à la fermière ! elle est
Si gentille et si douce !
C’est l’oiseau des bois qui se plaît
Loin du bruit dans la mousse.
Vieux vagabond qui tends la main,
Enfant pauvre et sans mère,
Puissiez-vous trouver en chemin
La ferme et la fermière !De l’escabeau vide au foyer
Là le pauvre s’empare,
Et le grand bahut de noyer
Pour lui n’est point avare ;
C’est là qu’un jour je vins m’asseoir,
Les pieds blancs de poussière ;
Un jour… puis en marche ! et bonsoir
La ferme et la fermière !Mon seul beau jour a dû finir,
Finir dès son aurore ;
Mais pour moi ce doux souvenir
Est du bonheur encore :
En fermant les yeux je revois
L’enclos plein de lumière,
La haie en fleur, le petit bois,
La ferme et la fermière !Si Dieu, comme notre curé
Au prône le répète,
Paye un bienfait (même égaré),
Ah ! qu’il songe à ma dette !
Qu’il prodigue au vallon les fleurs,
La joie à la chaumière !
Et garde des vents et des pleurs
La ferme et la fermière.Chaque hiver qu’un groupe d’enfants
À son fuseau sourie,
Comme les Anges aux fils blancs
De la Vierge Marie ;
Que tous, par la main, pas à pas,
Guidant un petit frère,
Réjouissent de leurs ébats
La ferme et la fermière.Envoi
Ma Chansonnette, prends ton vol !
Tu n’es qu’un faible hommage ;
Mais qu’en avril le rossignol
Chante et la dédommage.
Qu’effrayé par ses chants d’amour,
L’oiseau du cimetière
Longtemps, longtemps se taise pour
La ferme et la fermière !janvier 1836
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Hégésippe MOREAU
Hégésippe Moreau est un écrivain, poète et journaliste français, né et mort à Paris (8 avril 1810 – 20 décembre 1838). Inscrit à l’état civil sous le nom de Pierre-Jacques Roulliot, il porte dès son enfance le nom de son père naturel et adopte le pseudonyme d’Hégésippe en publiant ses premiers vers à Paris en... [Lire la suite]
J'ai appris ce poème à l’école primaire. J'en ai retenu la première strophe