La Ferme
A voir la ferme au loin monter avec ses toits,
Monter, avec sa tour et ses meules en dômes
Et ses greniers coiffés de tuiles et de chaumes,
Avec ses pignons blancs coupés par angles droits ;A voir la ferme au loin monter dans les verdures,
Reluire et s’étaler dans la splendeur des Mais,
Quand l’été la chauffait de ses feux rallumés
Et que les hêtres bruns l’éventaient de ramures :Si grande semblait-elle, avec ses rangs de fours,
Ses granges, ses hangars, ses étables, ses cours,
Ses poternes de vieux clous noirs bariolées,Son verger luisant d’herbe et grand comme un chantier,
Sa masse se carrant au bout de trois allées,
Qu’on eût dit le hameau tassé là, tout entier.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Émile VERHAEREN
Émile Adolphe Gustave Verhaeren, né à Saint-Amand dans la province d’Anvers, Belgique, le 21 mai 1855 et mort à Rouen le 27 novembre 1916, est un poète belge flamand, d’expression française. Dans ses poèmes influencés par le symbolisme, où il pratique le vers libre, sa conscience sociale lui fait évoquer les grandes villes... [Lire la suite]
- J'ai cru à tout jamais notre joie engourdie
- Les Meules qui Brûlent
- Les Vêpres
- Les Saints, les Morts, les Arbres et le Vent
- Sois-nous propice et consolante encor...
- L'Ombre est Lustrale et l'Aurore Irisée
- Si d'autres fleurs décorent la maison
- La glycine est fanée et morte est...
- Le clair jardin c'est la santé
- S'il était vrai
Fortification barbare
-------------------------
Un homme monstrueux étant devenu roi,
Il posa dans les champs la folle architecture
D’un palais gigantesque aux brillantes toitures ;
Colosse à l’horizon se dressant fier et droit.
Pour colonnes, l’on mit des troncs de bon aloi ;
Tous émaux, tous métaux servirent de peinture.
Brillant de mille feux sous toutes les coutures,
Le château arborait cent drapeaux sur ses toits.
Cent cuisines chauffaient, dans leurs énormes fours,
Les gâteaux que mangeaient dans les petites cours
Les maîtresses du roi, au maintien désinvolte.
Mais les gens du pays, par villages entiers,
D’un grand soulèvement ourdirent le chantier,
Abattant l’édifice en leur juste révolte.