La Danseuse
A Henry Regnault
Salomé, déjà près d’accomplir son dessein,
Sous ses riches paillons et ses robes fleuries
Songeait, l’oeil enchanté par les orfèvreries
Du riant coutelas vermeil et du bassin.Sa chevelure éparse et tombant sur son sein,
La Danseuse au front brun, parmi ses rêveries,
Regardait le soleil mettre des pierreries
Dans les caprices d’or au fantasque dessin,Mêlant la chrysoprase et son fauve incendie
Au saphir, où le ciel azuré s’irradie,
Et le sang des rubis aux pleurs du diamant,Comme c’est votre joie, ô fragiles poupées!
Car vous avez toujours aimé naïvement
Les joujoux flamboyants et les têtes coupées.
Janvier 1870.
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Théodore de BANVILLE
Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du... [Lire la suite]
Sacrifice
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Le prophète avait pu deviner le dessein
De la reine adultère, à la saison fleurie.
Il avait vu quelqu'un frotter l'argenterie,
Surtout un grand plateau qu'ornaient de vieux dessins.
Il n'attendait aucun secours de l'Esprit-Saint ;
Comme un agneau, le soir, s'en va de sa prairie
Pour trouver le sommeil en une bergerie,
Jean désirait quitter cet univers malsain.
Sa chair, par les excès, n'était point alourdie :
Du désir, il n'avait point subi l'incendie,
Même quand Salomé le voulut pour amant.
Quand survint le bourreau avec sa grande épée,
Il caressa l'acier en disant simplement :
« Lame, dans un instant, tu seras mieux trempée. »