La Coupe
Le poëte en sa coupe, orgueil du ciseleur,
S’enivre, et boit le vin amer de la douleur.
Puis, après avoir bu le vin, il boit la lie
Où dorment la tristesse et la mélancolie.
Et puis, après la lie encore, tout au fond,
Dorment en un flot noir l’accablement profond
Et l’inutile amour de l’Idéal qui lève
Son front chaste, et l’horreur effrayante du rêve.
Et comme, en regardant longtemps ce flot moqueur,
Le poëte qui sent se soulever son coeur,
A dans ses sombres yeux l’égarement d’Oreste,
La Muse lui dit: Mon bien-aimé, bois le reste!Paris, le dimanche 5 septembre 1886.
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Théodore de BANVILLE
Etienne Jean Baptiste Claude Théodore Faullain de Banville, né le 14 mars 1823 à Moulins (Allier) et mort le 13 mars 1891 à Paris, est un poète, dramaturge et critique français. Célèbre pour les « Odes funambulesques » et « les Exilés », il est surnommé « le poète du... [Lire la suite]
Mallarmé, magicien du vers,
Tant pour la rime que la coupe ;
Tes admirateurs, une troupe
D'un peu partout dans l'univers.
Tu chantes des sujets divers,
La nef à l'imposante poupe
Et l'horizon qui se découpe,
Les noirs corbeaux dans les hivers ;
Quiconque à te lire s'engage
Se trouve pris dans le tangage
Et le roulis ; point de salut.
Mais remercie ta bonne étoile :
Ton écriture te valut
De figurer sur cette Toile.