La conque
Par quels froids Océans, depuis combien d’hivers,
- Qui le saura jamais, Conque frêle et nacrée ! -
La houle sous-marine et les raz de marée
T’ont-ils roulée au creux de leurs abîmes verts ?Aujourd’hui, sous le ciel, loin des reflux amers,
Tu t’es fait un doux lit de l’arène dorée.
Mais ton espoir est vain. Longue et désespérée,
En toi gémit toujours la grande voix des mers.Mon âme est devenue une prison sonore :
Et comme en tes replis pleure et soupire encore
La plainte du refrain de l’ancienne clameur ;Ainsi du plus profond de ce coeur trop plein d’Elle,
Sourde, lente, insensible et pourtant éternelle,
Gronde en moi l’orageuse et lointaine rumeur.
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José-Maria de HEREDIA
José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d’origine cubaine, naturalisé français en 1893. En tant que poète, c’est un des maîtres du mouvement parnassien, véritable joaillier du vers. Son œuvre poétique est constituée d’un unique recueil, « Les... [Lire la suite]
Vestale à plumes
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Elle parcourt le ciel, l’été comme l’hiver ;
Supérieure à Vénus dans sa splendeur nacrée ;
Auprès du littoral noyé par la marée,
Elle va s’installer au creux d’un arbre vert.
Son âme est sans secret, son coeur n’est pas amer,
En rêve elle revoit son enfance dorée ;
Elle, par ses amours jamais désespérée,
Partage les chansons des filles de la mer.
Un oiseau la salue en sa langue sonore,
L’écho reprend la phrase et la répète encore ;
De la noire cigale on entend la clameur.
Les faunes du verger ont le coeur trop plein d’elle,
N’osant pont aborder la vestale éternelle ;
Et de leurs mots d’amour résonne la rumeur.