La Chimère
Pour Gustave Moreau.
La Chimère indomptable aux yeux profonds et bleus,
Abîmes rayonnants dans un visage d’homme,
Des lointaines Memphis aux Babels qu’on renomme,
Droite, appuie au Zénith ses quatre pieds en feux.Son poitrail qui se cabre et ses jarrets nerveux
Emportent par le gouffre, où l’air siffle et s’enflamme,
Lascif et douloureux, un souple corps de femme
Nue et flottant dans l’ombre entre ses lourds cheveux.Les crins d’or de la bête et la toison d’aurore
De la femme en extase, embrasant l’air sonore,
Font une aube de gloire au fond du ciel obscur.Le vertige les tord et, dardant sa prunelle,
Les bras autour du cou du monstre aux yeux d’azur,
S’enfonce dans la nuit la Rêveuse éternelle.
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Jean LORRAIN
Paul Alexandre Martin Duval, dit Jean Lorrain, est un écrivain français à très forte tendance parnassienne, né à Fécamp le 9 août 1855 et mort à Paris le 30 juin 1906.
Jean Lorrain a été l’un des écrivains scandaleux de la Belle Époque, au même titre que Rachilde, Hugues Rebell et Fabrice Delphi. Ses œuvres peuvent... [Lire la suite]
beau poeme tres enrichissant
Multiples chimères (Pays de Poésie 17-5-14)
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Élever plusieurs chimères,
C’est mon travail de rimeur ;
Leurs âmes parfois amères
Ont des mouvements charmeurs.
Chaque chimère éphémère
Chante ses propos trompeurs,
Chante ses propos sommaires
Puis se noie dans la torpeur.
Parfois, l’une d’elles reste
(Est-ce une chose funeste ?)
Au jardin, parmi les fleurs.
Elle goûte la chaleur,
Les parfums qui se mélangent
Et ce sonnet bien étrange.
Gustave Doré voit un caudicéphale
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C'est le caudicéphale en sa ménagerie,
Qui, scrutant un blason de sa figure orné,
Ne sait guère s'il doit se dire contourné ;
Mais sa question confine à la chinoiserie.
Caudicéphale, viens nous voir en Héraldie,
Et nous te transmettrons notre art de blasonner ;
Des écus que chez nous tu verras foisonner,
Ta personne en sera bientôt ragaillardie.
Or, ce monstre, il est vrai, n'aime point la magie,
Ni celle des drapeaux, ni celle des blasons,
Alors, il est parti dormir sur le gazon,
Abruti qu'il était par sa polyphagie.