La chanson de l’air
A l’Air, le dieu puissant qui soulève les ondes
Et fouette les hivers,A l’Air, le dieu léger qui rend les fleurs fécondes
Et sonores les vers,Salut ! C’est le grand dieu dont la robe flottante
Fait le ciel animé ;Et c’est le dieu furtif qui murmure à l’amante :
« Voici le bien-aimé. »C’est lui qui fait courir le long des oriflammes
Les frissons belliqueux,Et qui fait voltiger sur le cou blanc des femmes
Le ruban des cheveux.C’est par lui que les eaux vont par lourdes nuées
Rafraîchir les moissons,Qu’aux lèvres des rêveurs s’élèvent remuées
Les senteurs des buissons.Il berce également l’herbe sur les collines,
Les flottes sur les mers ;C’est le breuvage épars des feuilles aux poitrines,
L’esprit de l’univers.Il va, toujours présent dans son immense empire
En tous lieux à la fois,Renouveler la vie à tout ce qui respire,
Hommes, bêtes et bois ;Et dans le froid concert des forces éternelles
Seul il chante joyeux,Errant comme les coeurs, libre comme les ailes,
Et beau comme les yeux !
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René-François SULLY PRUDHOMME
René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme, né à Paris le 16 mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907, est un poète français, premier lauréat du Prix Nobel de littérature en 1901. Fils d’un commerçant, René Armand Prudhomme, qui souhaite devenir ingénieur, fait ses études au lycée Bonaparte,... [Lire la suite]
C'est l'amitié qui fait, dans sa bonté profonde,
Qu'on n'a pas froid l'hiver.
*
Et c'est elle qui rend la parole féconde
Et flamboyants les vers.
*
C'est elle qui nous guide en cette vie flottante,
En ce monde animé.
*
C'est par elle qu'un coeur se souvient d'une amante
Ou d'un coeur bien-aimé.
*
C'est elle qui fait battre au gré des oriflammes
Les regards belliqueux,
*
Et qui fait voltiger sur le cou blanc des femmes
Les algues des cheveux.
*
Par elle, les chagrins sont en lourdes nuées
Livrés à la moisson.
*
Les phrases d'un ami nous viennent, remuées,
Comme autant de frissons.
*
L'amitié nous conduit sur les noires collines
Ou sur la vaste mer.
*
C'est le murmure ardent de la source divine,
L'esprit de l'univers.
*
C'est la joie qui grandit dans son immense empire,
En tous lieux à la fois,
*
Redonnant la confiance à tout ce qui respire,
Et à tout ce qui voit.
*
Et dans le froid concert des forces éternelles,
Porter un chant joyeux,
*
Sautant comme un danseur, vibrant comme des ailes,
Et beau comme des yeux !
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/10/05/chanson-de-lamitie/
ainsi que
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/10/06/chanson-du-pinard/
et aussi
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/09/21/chant-de-reconnaissance-a-la-femme-adultere/
Chant de reconnaissance à la femme adultère
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/09/21/chant-de-reconnaissance-a-la-femme-adultere/
Femme de mon voisin, dans ta bonté profonde,
J’ai trouvé un abri, je n’ai pas froid l’hiver.
C’est toi qui as rendu ma parole féconde
Et joyeux mes écrits, et flamboyants mes vers.
C’est toi qui me conduis au coeur du vaste monde,
Et me fais découvrir des endroits fort divers ;
C’est par toi que j’acquis la lyre vagabonde
Chantant combien le pré d’un autre homme est plus vert.
C’est toi qui fais combattre au gré des oriflammes,
À coups de revolver ou à grands coups de lames
Les hommes devenus de grands coqs belliqueux,
Qui ris de leur malheur d’un beau rire sans âme
Et qui fais voltiger sur ton cou blanc de femme
L’or aux mille reflets de tes si longs cheveux.