Poème 'La Caravane' de Théophile GAUTIER dans 'La Comédie de la Mort'

La Caravane

Théophile GAUTIER
Recueil : "La Comédie de la Mort"

La caravane humaine au Sahara du monde,
Par ce chemin des ans qui n’a pas de retour,
S’en va traînant le pied, brûlée aux feux du jour,
Et buvant sur ses bras la sueur qui l’inonde.

Le grand lion rugit et la tempête gronde ;
A l’horizon fuyard, ni minaret, ni tour ;
La seule ombre qu’on ait, c’est l’ombre du vautour,
Qui traverse le ciel cherchant sa proie immonde.

L’on avance toujours, et voici que l’on voit
Quelque chose de vert que l’on se montre au doigt :
C’est un bois de cyprès semé de blanches pierres.

Dieu, pour vous reposer, dans le désert du temps,
Comme des oasis, a mis les cimetières :
Couchez-vous et dormez, voyageurs haletants.

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Commentaires

  1. Fier lépidoptère
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    Le joyeux papillon est découvreur de mondes,
    Il parcourt des circuits, des allers, des retours,
    S’en va planant un peu, brûlé aux feux du jour,
    Et buvant sur la fleur le nectar qui l’inonde.

    Le vent parfois rugit et la tempête gronde ;
    À l’horizon se dresse une imposante tour ;
    Un volatile vient, l’oiseau semble un vautour
    Qui traverse le ciel, ce prédateur immonde.

    Mais je vole toujours, et voici que je vois
    Un vieux rhapsode errant qui me montre du doigt
    Dans un bois de cyprès, semé de blanches pierres.

    Il aime herboriser dans le désert du temps,
    Il aime contempler les fleurs des cimetières
    Et te dire bonjour, papillon voletant.

  2. Acrocéros
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    Le fier acrocéros est le maître du monde
    Car tous ses ennemis sont partis, sans retour ;
    Son corps majestueux s’expose aux feux du jour
    Ou, pour se rafraîchir, trempe ses pieds dans l’onde.

    S’il nous fait un discours, c’est d’une voix qui gronde ;
    Mais la plupart du temps, il se tait, dans sa tour
    Qui s’approche du ciel où planent les vautours,
    Eux qui sont à l’affût des carcasses immondes.

    Le démon du désert, chaque fois qu’il le voit,
    Le trouve ridicule et le montre du doigt ;
    Le bel acrocéros le chasse à coups de pierres.

    Il règne, incontesté, sur la friche du temps,
    Sur les palais en ruine et sur les cimetières ;
    Mais il n’a pas soumis le démon voletant.

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