Poème 'La baie de la faim' de Robert DESNOS dans 'La Liberté ou l'Amour'

La baie de la faim

Robert DESNOS
Recueil : "La Liberté ou l'Amour"

Navire en bois d’ébène parti pour le pôle Nord voici que la mort se présente sous la forme d’une baie circulaire et glaciale, sans pingouins, sans phoques, sans ours. Je sais quelle est l’agonie d’un navire pris dans la banquise, je connais le râle froid et la mort pharaonique des explorateurs arctiques et antarctiques, avec ses anges rouges et verts et le scorbut et la peau brûlée par le froid. D’une capitale d’Europe, un journal emporté par un vent du sud monte rapidement vers le pôle en grandissant et ses deux feuilles sont deux grandes ailes funèbres.

Et je n’oublie pas les télégrammes de condoléances, ni la stupide anecdote du drapeau national fiché dans la glace, ni 1e retour des corps sur des prolonges d artillerie.

Stupide évocation de la vie libre des déserts. Qu’ils soient de glace ou de porphyre, sur le navire ou dans le wagon, perdus dans la foule ou dans l’espace, cette sentimentale image du désordre universel ne me touche pas.

Ses lèvres font monter les larmes à mes yeux. Elle est là. Sa parole frappe mes tempes de ses marteaux redoutables . Se cuisses que j’imagine ont des appels spontanés vers la marche. Je t’aime et tu feins de m’ignorer. Je veux croire que tu feins de m’ignorer ou plutôt non ta mimique est pleine d’allusions. La phrase la plus banale a des sous-entendus émouvants quand c’est toi qui m’adresses la parole.

Tu m’as dit que tu étais triste ! L’aurais-tu dit à un indifférent ? tu m’as dit le mot « amour ». Comment n’aurais-tu pas remarqué mon émoi ? Comment n’aurais-tu pas voulu le provoquer ?

Ou si tu m’ignores, c’est qu’il est mal imprimé, ce calendrier, toi dont la présence ne m’est pas même nécessaire. Tes photographies sur mes murs et dans mon cœur les souvenirs aigus que j’ai gardés de mes rencontres avec toi ne jouent qu’un bien piètre rôle dans mon amour ! Tu es, toi, grande en mon rêve, présente toujours, seule en scène et pourtant tu n’es pourvue d’aucun rôle.

Tu passes rarement sur mon chemin. Je suis à l’âge où l’on commence à regarder ses doigts maigres, et où la jeunesse est si pleine, si réelle qu’elle ne va pas tarder à se flétrir. Tes lèvres font monter les larmes à mes yeux ; tu couches toute nue dans mon cerveau et je n’ose plus dormir.

Et puis j’en ai assez, vois-tu, de parler de toi à haute voix.

Le Corsaire Sanglot poursuit sa route loin de nos secrets dans la cité dépeuplée. Il arrive, car tout arrive, devant un bâtiment neuf, l’Asile d’Aliénés.

Pénétrer ne fut pour lui qu’une formalité. Le concierge le conduisit à un secrétaire. Son nom, son âge et ses désirs inscrits, il prit possession d’une coquette cellule peinte en rouge vif.

Dès qu’il eut passé la dernière porte de l’asile, les personnages multiples du génie vinrent à lui.

« Entrez, entrez, mon fils, dans ce lieu réservé aux âmes mortifiées et que le tendre spectacle de la retraite prépare votre orgueil à la gloire prochaine que lui réserve le seigneur dans son paradis de satin et de sucre. Loin des vains bruits du monde, admirez avec patience les spectacles contradictoires que la divinité absolue impose à vos méditations et plutôt que de vous absorber à définir la plastique de Dieu, laissez-vous pénétrer par son atmosphère victorieuse des miasmes légers mais nombreux de la société ; que la saveur même du seigneur émeuve votre bouche destinée au jeûne, à la prophétie et à la communion avec le dispensateur de tout, que vos yeux éblouis perdent jusqu’au souvenir des objets matériels pour contempler les rayons flamboyants de sa foi, que votre main sente le frôlement distinct des ailes archangéliques, que votre oreille écoute les voix mystérieuses et révélatrices. Et si ces conseils vous semblent entachés d’une satanique sensualité, rappelez-vous qu’il est faux que les sens appartiennent à la matière. Ils appartiennent à l’esprit, ils ne servent que lui et c’est par eux que vous pouvez espérer l’extase finale. Pénètre en toi-même et reconnais l’excellence des ordres de la sensualité. Jamais elle ne tenta autre chose que de fixer l’immatériel ; en dépit des peintres, des sculpteurs, des musiciens, des parfumeurs, des cuisiniers, ils ne visent qu’à l’idée absolue. C’est que chacun de ces artistes ne s’adresse qu’à un sens alors qu’il convient, pour avoir accès aux suprêmes félicités, de les cultiver tous. Le matérialiste est celui qui prétend les abolir, ces sens admirables ! Il se prive ainsi du secours efficace de l’idée, or il n’est pas d’idée abstraite. L’idée est concrète, chacune d’elles, une fois émise, correspond à une création, à un point quelconque de l’absolu. Privé de sens, l’ascète immonde n’est plus qu’un squelette avec de la chair autour. Celui-là et ses pareils sont voués aux ossuaires inviolables. Cultivez donc vos sens soit pour la félicité suprême, soit pour la suprême tourmente, toutes deux enviables puisque suprêmes et à votre disposition. »

Ainsi parla un pseudo-Lacordaire.

Et prouvez-moi, s’il vous plaît, que ce n’était pas le vrai ? Il était deux heures de l’après-midi. Le soleil s’entrouvrit et une pluie de boussoles s’abattit sur la terre : de magnifiques boussoles de nickel indiquant toutes le même nord.

Le même nord où la mission Albert agonise maintenant parmi les cristaux. Des années plus tard, des pêcheurs des îles de la Sonde recueillent un tonneau, vestige de l’expédition, un tonneau blanc de sel et odorant. L’un des pêcheurs sent grandir en lui l’attrait du mystère. Il part pour Paris. Il entre au service d’un club spécial.

La pluie de boussoles cesse peu à peu sur l’asile. En place d’arc-en-ciel surgit Jeanne d’Arc-en-ciel. Elle revient pour déjouer les manœuvres d’un futur réactionnaire. Toute armée sortie des manuels tendancieux, Jeanne d’Arc vient combattre Jeanne d’Arc-en-ciel. Celle-ci, pure héroïne vouée à la guerre par sadisme, appelle à son secours les multiples Théroigne de Méricourt, les terroristes russes en robe fourreau de satin noir, les criminelles passionnées. La pêcheuse de perles voit grandir les yeux des hommes qui l’écoutent. Enivrée, elle se prend à son propre jeu. Son amant, dans une barque, participe au même rêve.

Alors, la pêcheuse, tirant un revolver de son corsage, là où les faibles mettent des billets d’amour : «Je t’adore, ô mon amant ! et voici qu’aujourd’hui, jour choisi par moi seule à cette minute précise, je t’offre la blessure béante de mon sexe et celle sanglante de mon cœur ! » Elle dit et pressant son arme sur son sein la voilà qui tombe tandis qu’une petite fumée bleue s’élève à la suite d’une détonation.

La salle se vide en silence. Sur la bouche d’une femme admirable un homme en frac recueille encore un baiser. Jeanne d’Arc-en-ciel, le sein nu et chevauchant un cheval blanc sans selle, parcourt Paris. Et voici que les pétards de dynamite détruisent la stupide effigie en cuivre à casserole de la rue des Pyramides, celle de Saint-Augustin et l’église (une de moins !) par surcroît.

Jeanne d’Arc-en-ciel, triomphant enfin de la calomnie, est rendue à l’amour.

La mission Albert avec ses mâts surmontés d’une oriflamme est maintenant au centre d’une pyramide de glace. Un sphinx de glace surgit et complète le paysage. De la brûlante Égypte au pôle irrésistible un courant miraculeux s’établit. Le sphinx des glaces parle au sphinx des sables.

Sphinx des glaces. — Qu’il surgisse le Bonaparte lyrique. Du sommet de ma pyramide quarante époques. géologiques contemplent non pas une poignée de conquérants, mais le monde. Les bateaux à voiles ou à cheminées, jolis chameaux voguèrent vers moi sans m’atteindre et je m’obstine à contempler dans les quatre faces parfaitement polies du monument translucide la décomposition prismatique des aurores boréales.

Sphinx des sables. — Et voici que les temps approchent ! On soupçonne déjà l’existence d’une Égypte polaire avec ses pharaons portant au cimier de leur casque non pas le scarabée des sables, mais l’esturgeon. Du fond de la nuit de six mois, une Isis blonde surgit, érigée sur un ours blanc. Les baleines luisantes détruiront d’un coup de queue le berceau flottant des Moïses esquimaux. Les colosses de Menton appellent les colosses de Memoui. Les crocodiles se transforment en phoques. Avant peu, les révélations sacrées traceront de grands signes algébriques pour relier les étoiles entre elles.

Sphinx des glaces. — Maux pour le corps, mots pour la pensée ! L’énigme polaire que je propose aux aventuriers n’est pas un remède. Chaque énigme a vingt solutions. Les mots disent indifféremment le pour et le contre. Là n’est pas encore la possibilité d’entrevoir l’absolu.

La pêcheuse de perles, toute sanglotante, et n’ai-je pas voulu la tuer, mais elle survit à cet attentat moral, la toute sanglante pêcheuse voit entrer dans la salle Jeanne d’Arc-en-ciel, sa sœur. Sur les socles inutiles de la Jeanne de Lorraine, de gigantesques pieuvres de charbon de terre s’érigent. Les mineurs viendront y déposer des couronnes et une petite lampe Davis qui brûlera nuit et jour, en mémoire du sexe poilu de la véritable aventurière.

Corsaire Sanglot, que j’avais oublié dans la coquette cellule, s’endort.

Un ange d’ébène s’installe à son chevet, éteint l’électricité, et ouvre la grammaire du rêve. Lacordaire parle :

« De même qu’en 1789 la monarchie absolue fut renversée, il faut en 1925 abattre la divinité absolue. Il y a quelque chose de plus fort que Dieu. Il faut rédiger la Déclaration des droits de l’âme, il faut libérer l’esprit, non pas en le soumettant à la matière, mais en lui soumettant à jamais la matière ! » Jeanne d’Arc-en-ciel en marche depuis des années, arrive devant le sphinx des glaces, avec, sous le bras, Le Voyage au centre de la Terre.

Elle demande à résoudre l’énigme.
Énigme.

« Qu’est-ce qui monte plus haut que le soleil et descend plus bas que le feu, qui est plus liquide que le vent et plus dur que le granit ? »

Sans réfléchir, Jeanne d’Arc-en-ciel répond :

— Une bouteille.

— Et pourquoi ? demande le sphinx.

— Parce que je le veux.

— C’est bien, tu peux passer, Œdipe idée et peau.

Elle passe. Un trappeur vient à elle, chargé de peaux de loutres. Il lui demande si elle connaît Mathilde, mais elle ne la connaît pas. Il lui donne un pigeon voyageur et tous deux poursuivent des chemins contradictoires.

Dans le laboratoire des idées célestes, un pseudo- Salomon de Caus met la dernière main aux épures du mouvement perpétuel. Son système basé sur le jeu des marées et sur celui du soleil occupe quarante-huit feuilles de papier Canson. À l’heure où ces lignes sont écrites l’inventeur est fort occupé à couvrir la quarante-huitième feuille de petits drapeaux triangulaires et d’étoiles asymétriques. Le résultat ne se fera pas attendre.

Comme la onzième heure s’approche toute grésillante du bouillon des alchimistes, un petit bruit se fait entendre à la fenêtre. Elle s’ouvre. La nuit pénètre dans le laboratoire sous l’aspect d’une femme nue et pâle sous un large manteau d’astrakan. Ses cheveux blonds et coupés font une lueur vaporeuse autour de son fin visage. Elle pose la main sur le front de l’ingénieur et celui-ci sent couler une mystérieuse fontaine sous la muraille de ses tempes tourmentées par les migraines.

Pour calmer ces migraines, il faudrait une migration d’albatros et de faisans. Ils passeraient une heure durant sur le pays d’alentour, puis s’abattraient dans la fontaine.

Mais la migration ne s’accomplit pas. La fontaine coule régulièrement.

La nuit s’en va abandonnant sur le lit individuel un bouquet de nénuphars. Au matin, le gardien voit le bouquet. Il questionne le fou qui ne répond pas et dès lors, aux bras de la camisole de force, le malheureux ne sortira plus de sa cellule.

Au petit jour, Corsaire Sanglot a déjà quitté ces lieux dérisoires.

Jeanne d’Arc-en-ciel, la pêcheuse de perles, Louise Lame se retrouvent dans un salon. Par la fenêtre, on voit la tour Eiffel grise sur un ciel de cendres. Sur un bureau d’acajou, un presse-papiers de bronze en forme de sphinx voisine avec une boule de verre parfaitement blanc.

Que faire quand on est trois ? Se déshabiller. Voici que la robe de la pêcheuse tombée d’un coup la révèle en chemise. Une chemise courte et blanche laissant voir les seins et les cuisses. Elle s’étire en bâillant cependant que Louise Lame dégrafe minutieusement son costume tailleur. La lenteur de l’opération rend plus énervant le spectacle. Un sein jaillit puis disparaît. La voici nue elle aussi. Quant à Jeanne, elle a depuis longtemps lacéré son corsage et arraché ses bas.

Toutes trois se mirent dans une psyché et la nuit couleur de braises vives les enveloppe dans des reflets de réverbères et masque leur étreinte sur le canapé. Leur groupe n’est plus qu’éclaircies blanches dues aux gestes brusques et masse mouvante animée d’une respiration unique.

Corsaire Sanglot passe sous la fenêtre. Il la regarde distraitement comme il a regardé d’autres fenêtres. Il se demande où trouver ses trois compagnes et continue sa promenade. Son ombre projetée par un phare d’automobile tourne au plafond du salon comme une aiguille de montre. Un instant, les trois femmes la contemplent. Longtemps après sa disparition, elles se demandent encore la raison de l’inquiétude qui les tourmente. L’une d’elles prononce le nom du corsaire.

« Où est-il à cette heure ? mort peut-être ? » et jusqu’au soir elles rêvent au coin du feu.

La mission Albert a été découverte par des pêcheurs de baleines. Le bateau emprisonné dans les glaces ne recelait plus que des cadavres. Un drapeau fiché dans la banquise témoignait de l’effort des malheureux navigateurs. Leurs restes seront ramenés à Oslo (anciennement Christiania). Les honneurs seront rendus par deux croiseurs. Une compagnie de marins veillera leurs dépouilles jusqu’à l’arrivée du cuirassé gui les ramènera en France.

L’asile d’aliénés, blanc sous le soleil levant, avec ses hautes murailles dépassées par des arbres calmes et maigres, ressemble au tombeau du roi Mausole. Et voici que les sept merveilles du monde paraissent. Elles sont envoyées du fond des âges aux fous victimes de l’arbitraire humain. Voici le colosse de Rhodes. L’asile n’arrive pas à ses chevilles. Il se tient debout, au-dessus, les jambes écartées. Le phare d’Alexandrie, en redingote, se met à toutes les fenêtres. De grands rayons rouges balayent la ville déserte, déserte en dépit des tramways, de trois millions d’habitants et d’une police bien organisée. D’une caserne, la diane surgit sonore et cruelle, tandis que le croissant allégorique de la lune achève de se dissoudre à ras de l’horizon.

Les jardins du Champ-de-Mars sont parcourus par un vieillard puissant, au front vaste, aux yeux sévères. Il se dirige vers la pyramide ajourée de la tour. Il monte. Le gardien voit le vieillard s’absorber dans une méditation profonde. Il le laisse seul. Le vieillard alors enjambe la balustrade, se jette dans le vide et le reste ne nous intéresse pas.

Il y a des instants de la vie où la raison de nos actes nous apparaît avec toute sa fragilité.

Je respire, je regarde, je n’arrive pas à assigner à mes réflexions un champ clos. Elles s’obstinent à tracer des sillons entrecroisés. Comment voulez-vous que le blé, préoccupation principale des gens que je méprise, puisse y germer.

Mais le Corsaire Sanglot, la chanteuse de music-hall, Louise Lame, les explorateurs polaires et les fous, réunis par inadvertance dans la plaine aride d’un manuscrit, hisseront en vain du haut des mâts blancs les pavillons noirs annonciateurs de peste s’ils n’ont auparavant, fantômes jaillis de la nuit profonde de l’encrier, abandonné les préoccupations chères à celui qui, de cette nuit liquide et parfaite, ne fit jamais autre chose que des taches à ses doigts, taches propres à l’apposition d’empreintes digitales sur les murs ripolinés du rêve et par là capables d’induire en erreur les séraphins ridicules de la déduction logique persuadés que seul un esprit familier des majestueuses ténèbres a pu laisser une trace tangible de sa nature indécise en s’enfuyant à l’approche d’un danger comme le jour ou le réveil, et loin de penser que le travail du comptable et celui du poète laissent finalement les mêmes stigmates sur le papier et que seul l’œil perspicace des aventuriers de la pensée est capable de faire la différence entre les lignes sans mystère du premier et le grimoire prophétique et, peut-être à son insu, divin du second, car les pestes redoutables ne sont que tempêtes de cœurs entrechoqués et il convient de les affronter avec des ambitions individuelles et un esprit dégagé du stupide espoir de transformer en miroir le papier par une écriture magique et efficace.

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Commentaires

  1. Noblesse de l’ours polaire
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    L’ours ne fait point de choses viles,
    Il est pur comme un magistrat :
    Jamais un ours blanc n’est servile,
    Lequel honore ses contrats.

    Il aimait un oiseau des îles
    Sans pourtant qu’il l’idolâtrât ;
    Il en fut traité de fossile,
    C’est déplaisant, tu l’admettras.

    Triste, il écrivit un poème
    Très sobre, comme je les aime,
    Mais il signa « Tricératops ».

    Il le lut au pape de Rome,
    Qui déclara : « Ta plume est comme
    Celle du pharaon Chéops ».

  2. Planète Banale
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    Nous n’avons nulle mine d’or,
    Nulle flore phénoménale ;
    Sur notre Planète Banale,
    Chacun de nos désirs s’endort.

    C’est très calme, au point que c’est mort,
    Même dans la saison vernale ;
    Pris d’une langueur infernale,
    L’esprit décourage le corps.

    Les libidos sont abolies ;
    Au fond du calice est la lie,
    Peu nous en importe le goût.

    La planète en l’espace roule,
    Les châteaux de cartes s’écroulent ;
    Il faut avancer, jusqu’au bout.

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