Poème 'L’inspiration' de René-François SULLY PRUDHOMME

L’inspiration

René-François SULLY PRUDHOMME

Un oiseau solitaire aux bizarres couleurs
Est venu se poser sur une enfant ; mais elle,
Arrachant son plumage où le prisme étincelle,
De toute sa parure elle fait des douleurs ;

Et le duvet moelleux, plein d’intimes chaleurs,
Épars, flotte au doux vent d’une bouche cruelle.
Or l’oiseau, c’est mon coeur ; l’enfant coupable est celle,
Celle dont je ne puis dire le nom sans pleurs.

Ce jeu l’amuse, et moi j’en meurs, et j’ai la peine
De voir dans le ciel vide errer sous son haleine
La beauté de mon coeur pour le plaisir du sien !

Elle aime à balancer mes rêves sur sa tête
Par un souffle et je suis ce qu’on nomme un poète.
Que ce souffle leur manque et je ne suis plus rien.

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Commentaires

  1. Tous les mots ont des couleurs
    Et souvent les renouvellent ;
    Certains font des étincelles,
    D'autres soignent les douleurs.

    Ils sont frais dans la chaleur,
    Ils n'ont pas de moeurs cruelles ;
    Leurs aimables ritournelles
    Ont apaisé bien des pleurs.

    Ils ont soulagé ma peine ;
    J'ai ri comme une baleine
    (C'est cela qui fait du bien).

    Ils ont envahi ma tête,
    Faisant de moi un poète,
    Un rhapsode, un magicien.

  2. Sagesse du faisan
    ----------

    Faisan plein de vertu sous tes nobles couleurs,
    Ton désir au printemps toujours se renouvelle ;
    Pagnol te préféra, certes, la bartavelle,
    Celle-là, justement, que vante l'oiseleur.

    Ton âme ne craint point le froid ni la chaleur,
    Ni l'aquilon puissant, ni la bise cruelle ;
    Ils ne font qu'aiguiser ta vie spirituelle,
    Toute d'apaisement, loin du rire et des pleurs.

    Tu n'es pas au labeur, tu n'es pas à la peine,
    Tu entends le discours des muses souveraines,
    Le bon Dieu te regarde et trouve que c'est bien.

    Le faisan vit sa vie sans se prendre la tête,
    Laissant les jours filer, comme font les poètes,
    Aristote a chanté cet oiseau magicien.

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René-François SULLY PRUDHOMME

Portait de René-François SULLY PRUDHOMME

René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme, né à Paris le 16 mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907, est un poète français, premier lauréat du Prix Nobel de littérature en 1901. Fils d’un commerçant, René Armand Prudhomme, qui souhaite devenir ingénieur, fait ses études au lycée Bonaparte,... [Lire la suite]

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