L’escalier de l’ara coeli
On a bâti là, plus réel
Que l’échelle du patriarche,
Un escalier dont chaque marche
Est vraiment un pas vers le ciel.Dans la nature tout entière
L’architecte prit à son gré
Pour cet édifice sacré
La plus glorieuse matière :Il prit des marbres sans rivaux,
Fragments de ces pierres illustres
Que la pioche aveugle des rustres
Brisait pour faire de la chaux,Et qui toutes étincelèrent
Au front des temples abattus,
Ou que les Gracques et Brutus
Au Forum de leur pied foulèrent !I1 les prit et les entassa,
Rejeton hardi de la race
Qui, regardant les dieux en face,
Roulait Pélion sur Ossa.Et malgré les hordes très sales
De mendiants et de fiévreux
Se cherchant leur vermine entre eux
Sur ces assises colossales,Bien qu’il s’y traîne des dévots
Dont une poupée est l’idole,
On y voit, comme au Capitole,
Monter les ombres des héros !
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
René-François SULLY PRUDHOMME
René Armand François Prudhomme, dit Sully Prudhomme, né à Paris le 16 mars 1839 et mort à Châtenay-Malabry le 6 septembre 1907, est un poète français, premier lauréat du Prix Nobel de littérature en 1901. Fils d’un commerçant, René Armand Prudhomme, qui souhaite devenir ingénieur, fait ses études au lycée Bonaparte,... [Lire la suite]
Gravir quelques marches
-----------
Je vais jusqu’au grenier sans ménager ma peine,
Sous chacun de mes pas j’entends gémir le bois ;
Ces lieux sont parcourus par un courant d’air froid,
Par-dessus la chemise on supporte une laine.
De vieux bouquins, là haut, plusieurs malles sont pleines,
Rien que de les ranger peut prendre plusieurs mois ;
C’est ce que j’aime faire en grignotant des noix,
Dans un assez grand sac, j’en ai quelque centaines.
Bien des gens avant moi vécurent dans ces lieux,
Des sages qui lisaient ce qu’on trouve de mieux ;
De nobles érudits, des chercheurs de lumière.
On y voyait aussi quelques buveurs de bière ;
Mais ils sont à présent sous une froide pierre,
Ayant remis leur âme entre les mains de Dieu.
Oies du Capitole
----------------
Ce sont gardiennes attitrées,
Qui nous furent d’un grand secours ;
Car elles veillent nuit et jour
Sur cette colline sacrée.
« Notre ville en est honorée »,
Dit le maire dans un discours ;
Il leur promit, pour faire court,
Leurs friandises préférées.
Cruels barbares sans merci,
C’est pour vous le temps des soucis ;
En vain priez-vous vos idoles.
Éloignez-vous donc, maraudeurs,
Vous vîntes pour votre malheur ;
Allez plutôt voir l’Acropole.
mettez moi en ligne svp; je vous donnerai du chocolat et des noisettes!