L’Enfant et le Maître d’école
Dans ce récit je prétends faire voir
D’un certain sot la remontrance vaine.
Un jeune enfant dans l’eau se laissa choir,
En badinant sur les bords de la Seine.
Le Ciel permit qu’un saule se trouva,
Dont le branchage, après Dieu, le sauva.
S’étant pris, dis-je, aux branches de ce saule,
Par cet endroit passe un Maître d’école.
L’Enfant lui crie : « Au secours ! je péris. »
Le Magister, se tournant à ses cris,
D’un ton fort grave à contre-temps s’avise
De le tancer : « Ah! le petit babouin !
Voyez, dit-il, où l’a mis sa sottise !
Et puis, prenez de tels fripons le soin.
Que les parents sont malheureux qu’il faille
Toujours veiller à semblable canaille !
Qu’ils ont de maux ! et que je plains leur sort ! »
Ayant tout dit, il mit l’enfant à bord.
Je blâme ici plus de gens qu’on ne pense.
Tout babillard, tout censeur, tout pédant,
Se peut connaître au discours que j’avance :
Chacun des trois fait un peuple fort grand ;
Le Créateur en a béni l’engeance.
En toute affaire ils ne font que songer
Aux moyens d’exercer leur langue.
Hé ! mon ami, tire-moi de danger :
Tu feras après ta harangue.
Poème préféré des membres
Oyuna a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Jean de LA FONTAINE
Jean de La Fontaine, né le 8 juillet 1621 à Château-Thierry, est un poète français de la période classique dont l’histoire littéraire retient essentiellement « les Fables » et dans une moindre mesure les contes licencieux. On lui doit cependant des poèmes divers, des pièces de théâtre et des livrets... [Lire la suite]
- Le Vieillard et ses Enfants
- Les Membres et l'Estomac
- L'Aigle, la Laie, et la Chatte
- Le Chien qui porte à son cou le dîné de...
- Les Frelons et les Mouches à miel
- Le Mal Marié
- L'Ane chargé d'éponges, et l'Ane chargé...
- Le Rat qui s'est retiré du monde
- Le Lion et le Moucheron
- Le Dragon à plusieurs têtes,et le Dragon...
Commentaires
Aucun commentaire
Rédiger un commentaire