L’église d’Arona
On est moins seul au fond d’une église déserte :
De son père inquiet c’est la porte entr’ouverte ;
Lui qui bénit l’enfant, même après son départ,
Lui, qui ne dit jamais : « N’entrez plus, c’est trop tard ! »Moi, j’ai tardé, seigneur, j’ai fui votre colère,
Comme l’enfant qui tremble à la voix de son père,
Se dérobe au jardin tout pâle, tout en pleurs,
Retient son souffle et met sa tête dans les fleurs ;
J’ai tardé ! Retenant le souffle de ma plainte,
J’ai levé mes deux mains entre vous et ma crainte ;
J’ai fait la morte ; et puis, en fermant bien les yeux,
Me croyant invisible aux lumières des cieux,
Triste comme à ténèbre au milieu de mon âme,
Je fuyais. Mais, Seigneur ! votre incessante flamme,
Perçait de mes détours les fragiles remparts,
Et dans mon coeur fermé rentrait de toutes parts !C’est là que j’ai senti, de sa fuite lassée,
Se retourner vers vous mon âme délaissée ;
Et me voilà pareille à ce volage enfant,
Dépouillé par la ville, et qui n’a bien souvent
Que ses débiles mais pour voiler son visage,
Quand il dit à son père : Oh ! que n’ai-je été sage !
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Marceline DESBORDES-VALMORE
Marceline Desbordes-Valmore, née à Douai le 20 juin 1786 et morte à Paris le 23 juillet 1859, est une poétesse française. Elle est la fille d’un peintre en armoiries, devenu cabaretier à Douai après avoir été ruiné par la Révolution. À la fin de 1801, après un séjour à Rochefort et à Bordeaux, Marceline et sa mère... [Lire la suite]
Sanctuaire à l’abandon
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L’église est peu remplie, elle est déserte, même ;
Nous n’y entendons plus les psaumes en latin.
À quoi sert au curé de se lever matin,
À quoi de réciter la prière qu’il aime ?
Ce prêtre ne craint pas la solitude extrême,
Ni d’être le servant d’un culte clandestin ;
Pas besoin d’être deux pour un petit festin
(Ou le maigre repas que l’on prend en carême).
Il aime les plaisirs qui sont bien de chez nous ;
C’est remplir le calice avec un bon vin doux
Et lire les propos des Pères de l’Église.
Ce bâtiment lui sert de petite maison :
Et son ange gardien dit, en toute saison,
D’aimables oraisons dedans cette nef grise.
L'EGLISE D'ARONA