L’ambition tancée
Aux rayons du soleil, le paon audacieux,
Cet avril animé, ce firmament volage,
Étale avec orgueil en son riche plumage
Et les fleurs du printemps, et les astres des cieux.Mais comme il fait le vain sous cet arc gracieux
Qui nous forme d’Iris une nouvelle image,
Il rabat tout à coup sa plume et son courage
Sitôt que sur ses pieds il a porté les yeux.Homme, à qui tes désirs font sans cesse la guerre
Et qui veux posséder tout le rond de la Terre :
Vois le peu qu’il en faut pour faire un monument.Tu n’es rien que l’idole agréable et fragile
Qu’un roi de Babylone avait vue en dormant,
Ta tête est toute d’or, mais tes pieds sont d’argile.
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François Tristan L'HERMITE
François L’Hermite, sieur du Soliers, dit Tristan L’Hermite, né à Janaillat (Creuse) au château de Soliers, dans la Marche, 1601 et mort à Paris le 7 septembre 1655, est un poète et dramaturge français. Auteur dramatique fort applaudi en son temps, et dont la première pièce, la fameuse tragédie de Mariane... [Lire la suite]
Rêve de lion
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Le roi des animaux n'en croyait pas ses yeux :
D'invisibles goupils rôdaient dans les parages,
La nuit dissimulant l'azur de leur pelage,
À l'heure où les démons investissent les cieux.
Le monarque est tenté de fuir vers d'autres lieux,
Mais les chemins ouverts lui semblent des mirages ;
Il s'avance pourtant, rassemblant son courage,
Puis il trace sa route, à la grâce de Dieu.
Ce qu'il voit, cependant, ne le rassure guère,
-- Il semble que le monde ait perdu ses repères,
Lui dit une banane, en riant franchement.
-- Je ne suis qu'un rêveur au jugement fragile,
Tel un fol naviguant sur une nef d'argile,
Tel un roi qui voudrait gouverner en dormant.
Octopode au corps de sable
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Ce grand monstre de sable est superbe, à mes yeux ;
Il parcourt, bien souvent, ces modestes parages,
Invisible la nuit, grâce à son noir pelage,
Faisant régner la paix sur la terre et les cieux.
Je suis presque surpris de le voir en ces lieux :
Il est évanescent, c'est peut-être un mirage,
C'est une métaphore évoquant le courage,
C'est un représentant de la grâce de Dieu.
Les gens de mon pays ne le connaissent guère,
Car, sur de tels sujets, ils ont d'autres repères,
Il n'est rien à leurs yeux, pour parler franchement.
Je le sais, je suis vieux, mes rêves sont fragiles,
Mon corps, qui se souvient que sa chair est d'argile,
Ne peut point rajeunir, si ce n'est en dormant.
Une reprise avec un même thème
Sainte Iris
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Iris, ton univers est la joie de mes yeux,
Quand mon rêve est charmeur, tu es dans les parages;
Si j’aime chez mon chat la douceur du pelage,
Caresser tes cheveux, c’est atteindre les cieux.
Nous nous sommes croisés, déjà, en d’autres lieux,
À mes premiers regards, tu étais un mirage ;
Je me suis approché, rassemblant mon courage,
Pour t’offrir ce poème, à la grâce de Dieu.
Ça fait déjà longtemps, tu ne t’en souviens guère,
Ton visage pour moi est toujours un repère,
Mas je n’ai jamais su le dire franchement.
Tu n’es pas en mon coeur un souvenir fragile ;
Si Rodin avait fait ta statue en argile,
Jamais ne se verrait un objet plus charmant.
Remembrance du pavot
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Voir le pavot de mai, quel plaisir pour les yeux !
C’est lui qui bien souvent a fleuri ces parages ;
Aux légers papillons il donne du courage
En faisant resplendir la lumière des cieux.
Je m’attends chaque année à le voir en ces lieux ;
Mais sait-on si c’est lui, ou peut-être un mirage,
Un songe du matin, le reflet d’un ombrage,
Un clin d’oeil de Satan, une farce de Dieu ?
Le pavot, de cela, ne se tourmente guère,
Sans recours aux humains il trouve ses repères,
Très heureux d’être ici, comme un prince charmant.
Pour maître je te prends, coquelicot fragile
Ornant de ton éclat l’austère sol d’argile ;
Et dans le plein hiver, je te vois en dormant.
Gloire du paon teint
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J’ai changé ma couleur pour éblouir vos yeux,
Moi, le plus bel oiseau qu’on trouve en ces parages ;
Mes ornements sont d’or, symbole de courage,
Dignes de refléter la lumière des cieux.
L’héraldiste, s’il vient travailler en ces lieux,
Voudra dans son bestiaire ajouter ce mirage ;
Que les coqs des fermiers n’en prennent pas ombrage,
Je dis que ma personne est plus proche de Dieu.
Un coq a répondu «Ça ne m’importe guère,
Je ne peux m’abaisser à te faire la guerre ;
Car c’est tant mieux pour toi si tu te crois charmant.»
Or, les coqs sont, dit-on, moins que le paon fragiles,
Lui qu’il sont appelé colosse aux pieds d’argile ;
Sa gloire ne vaut point qu’on en fasse un roman.
Gloire du paon teint, retouche
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J’ai changé ma couleur pour éblouir vos yeux,
Moi, le plus bel oiseau qu’on trouve en ces parages ;
Mes ornements sont d’or, symbole de courage,
Dignes de refléter la lumière des cieux.
L’héraldiste, s’il vient travailler en ces lieux,
Voudra dans son bestiaire ajouter ce mirage ;
Que les coqs des fermiers n’en prennent pas ombrage,
Je dis que ma personne est plus proche de Dieu.
Un coq a répondu «Ça ne m’importe guère,
Je ne peux m’abaisser à te faire la guerre ;
Car c’est tant mieux pour toi si tu te crois charmant.»
Or, les coqs sont, dit-on, moins que le paon fragiles,
Lui qu’ils ont appelé colosse aux pieds d’argile ;
Sa gloire ne vaut point qu’on en fasse un roman.