L’albatros
Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage
Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers,
Qui suivent, indolents compagnons de voyage,
Le navire glissant sur les gouffres amers.A peine les ont-ils déposés sur les planches,
Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux,
Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches
Comme des avirons traîner à côté d’eux.Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule !
Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid !
L’un agace son bec avec un brûle-gueule,
L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait !Le Poète est semblable au prince des nuées
Qui hante la tempête et se rit de l’archer ;
Exilé sur le sol au milieu des huées,
Ses ailes de géant l’empêchent de marcher.
Poème préféré des membres
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Charles BAUDELAIRE
Charles Pierre Baudelaire est un poète français, né à Paris le 9 avril 1821 et mort le 31 août 1867 à Paris. Il est l’un des poètes les plus célèbres du XIXe siècle : en incluant la modernité comme motif poétique, il a rompu avec l’esthétique classique ; il est aussi celui qui a popularisé le poème en... [Lire la suite]
40 ans après et toujours autant d'émotions
La solitude du poète est la condition de la création artistique. L'image de l'albatros assimilé au Poète, évoque son aspiration vers l'Idéal, vers l'ailleurs " au fond de l'inconnu pour trouver le nouveau, enfer ou ciel n'importe". La parfaite architecture des vers nous rapproche de la vérité profonde de son ame.
Enfin, j'ai trouvé un peu de temps pour écrire!
Aujourd'hui ce sera un sonnet régulier
En alexandrin et de type Pelletier
Tercets en ccd ede, c'est à dire
Composer avec contraintes est un élixir
Qui a pour effet de poser sur le papier
Des tas d'idées au caractère singulier
Le monde inconscient semble tout d'un coup s'ouvrir
Au premier abord on jurerait du contraire
Que toute règle met la liberté à terre
Il faut se garder d'un jugement trop hâtif
Libres également sont les vers traditionnels
L'albatros resterait cloué à son récif
Si l'air n'offrait pas de résistance à ses ailes
https://misquette.wordpress.com/2015/07/25/287-besoin-dair/
Nef d’Entre-Deux-Mers
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Une modeste nef, un modeste équipage
Sur les limpides flots bordant l’Entre-Deux-Mers ;
Un tonneau de vin rouge est souvent du voyage,
Plaisant à déguster au petit matin clair.
Plus d’un marin du bord s’y connaît en cépages,
C’est affaire de goût, c’est affaire de flair ;
Nous les voyons passer, quand l’automne est dans l’air,
Auprès de la taverne où vont boire les pages.
Ces enfants monteront aussi sur cette barque,
Depuis déjà longtemps ne buvant plus de lait ;
Sur un fleuve et sur l’autre ils laisseront leur marque.
Le rhapsode est semblable au marin de Garonne
Qui lentement navigue, et boit quand ça lui plaît ;
Habile à survoler tout ce qui l’environne.
Oiseau plus ou moins inexistant
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Il ne redoute point les cruels équipages,
Il est presque invisible au-dessus de la mer ;
Nul n’a jamais connu le but de ses voyages,
Son portrait n’est pas net, son dossier n’est pas clair.
Le savant rédacteur du «Génie des Alpages»
Dit que des poursuivants il déroute le flair;
Son vol, ne produisant nulle rumeur dans l’air,
Vers des lieux inconnus chaque fois le propage.
J’ai trouvé l’autre jour un texte de Plutarque
Qui de ce bel oiseau fort longuement parlait;
Même, il fut émaillé de subtiles remarques.
On l’a vu se poser auprès d’une baronne
Afin de lui chanter un aimable couplet;
Le mystère à présent pour toujours l’environne.