Poème 'Keepsake' de Albert SAMAIN dans 'Au jardin de l'infante'

Keepsake

Albert SAMAIN
Recueil : "Au jardin de l'infante"

Sa robe était de tulle avec des roses pâles,
Et rose pâle était sa lèvre, et ses yeux froids,
Froids et bleus comme l’eau qui rêve au fond des bois.
La mer Tyrrhénienne aux langueurs amicales.

Berçait sa vie éparse en suaves pétales.
Très douce elle mourait, ses petits pieds en croix ;
Et, quand elle chantait, le cristal de sa voix
Faisait saigner au coeur ses blessures natales.

Toujours à son poing maigre un bracelet de fer,
Où son nom de blancheur était gravé « Stéphane »,
Semblait l’anneau rivé de l’exil très amer.

Dans un parfum d’héliotrope diaphane
Elle mourait, fixant les voiles sur la mer,
Elle mourait parmi l’automne… vers l’hiver…

Et c’était comme une musique qui se fane…

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Commentaires

  1. Les sept vagabondes
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    Une vierge d’argent éclaire le soir pâle ;
    Une ondine d’azur le rend un peu plus froid.
    De gueules va dansant la dame en ces grands bois,
    Toutes trois se disant des phrases amicales.

    Une vierge de sable effeuille les pétales
    D’une rose cueillie aux abords d’une croix ;
    Une fée de sinople appelle de sa voix
    Les démons familiers de sa contrée natale.

    Une dame d’hermine a vu, vêtu de fer,
    Parsifal que jadis faillit chanter Stéphane
    Mallarmé, vieillissant, en des couplets amers.

    Toutes sont déjà loin, fuyant le rude hiver ;
    Sur la lourde trirème, elles ont pris la mer,
    Au rivage laissant leurs pantoufles diaphanes.

  2. Fleur à cinq pétales
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    Tout au fond de la friche est la fleur vespérale,
    Elle goûte l’azur et ne craint pas le froid ;
    Son ancêtre poussait peut-être au fond des bois
    Ou près de l’ancien temple où furent les vestales.

    Un bourdon matinal frôle ses cinq pétales,
    Puis part au cimetière où sont les blanches croix ;
    Un oiseau sans souci fait entendre sa voix,
    C’est pour dire un refrain de sa terre natale.

    La fleur entend la cloche en son tintement clair
    Appelant les passants loin des choses profanes ;
    Ce jour est un peu gris, mais il n’est pas amer.

    Un arbre dénudé se souvient de l’hiver ;
    Une mouette joyeuse est venue de la mer
    Pour voir la friche avant que la fleur ne se fane.

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