Journaliste pieux
Sur le trottoir, un jour, vous heurtez par mégarde
Un être qui sans voir allait clopin-clopant.
Poli, vous demandez pardon au sacripant,
Qui baisse devant vous sa paupière hagarde.Le sire, avec son air cauteleux et rampant,
Voudrait vous étriper, mais quelqu’un le regarde :
Il arrondit le dos et passe… Prenez garde !
Vous avez mis le pied sur un vilain serpent.Voyez-le s’éloigner, il louvoie, il sournoise ;
Son astuce déjà songe à vous chercher noise ;
Il vous fera savoir demain ce qu’elle vaut.Où va-t-il ? Inventer pour vous quelque supplice ?
Vous tendre un traquenard ? ameuter la police ?
Non, il va rédiger quelque article dévot !
(1902)
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Louis-Honoré FRÉCHETTE
Louis-Honoré Fréchette (16 novembre 1839 – 31 mai 1908), poète, dramaturge, écrivain et homme politique, est né à St-Joseph-de-la-Pointe-Lévy (Lévis), Québec, Canada. Bien que son père, entrepreneur, soit analphabète, il étudie sous la tutelle des Frères des écoles chrétiennes. De 1854 à 1860, il fait ses études... [Lire la suite]
Le pire est à craindre
Quand Tartuffe a pris sa plume :
L'encre est du poison.
Ah, que Dieu les garde,
Ces penseurs flippants !
Ou que le grand Pan
Nous les entrelarde.
Voir aussi
http://www.unjourunpoeme.fr/poeme/a-propos-d%e2%80%99un-saint-homme-et-d%e2%80%99un-saint-journal
Monstre pieux
-------------
Par les archanges qui me gardent,
J’échappe à tous les guets-apens ;
Si j’ai péché, je me repens,
Jamais mes travers je ne farde.
Sans craindre les démons rampants,
Je chante comme un joyeux barde ;
Je ris au nez de la Camarde,
Je pose un pied sur le Serpent.
Mon âme jamais ne chinoise,
Car elle est loin d’être sournoise ;
Saint Pierre sait ce qu’elle vaut.
« La vertu n’est pas un supplice »
Dit le curé de Saint-Sulpice ;
Ce proverbe n’est pas nouveau.