Je vis l’oiseau qui le soleil contemple
Je vis l’oiseau qui le soleil contemple
D’un faible vol au ciel s’aventurer,
Et peu à peu ses ailes assurer,
Suivant encor le maternel exemple.Je le vis croître, et d’un voler plus ample
Des plus hauts monts la hauteur mesurer,
Percer la nue, et ses ailes tirer
Jusqu’au lieu où des dieux est le temple.Là se perdit : puis soudain je l’ai vu
Rouant par l’air en tourbillon de feu,
Tout enflammé sur la plaine descendre.Je vis son corps en poudre tout réduit,
Et vis l’oiseau, qui la lumière fuit,
Comme un vermet renaître de sa cendre.
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Joachim DU BELLAY
Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou, et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la « Pléiade », groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, « la Défense et illustration de la langue... [Lire la suite]
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Jeudi de sinople
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C’est un serpent de gueules qui contemple
Boeufs et chevaux au ciel aventurés ;
Il a pour gîte un calice doré,
Chose dont nul autrefois n’eut d’exemple.
Chevaux et boeufs ont un vol assez ample ;
Le vieux serpent, quoique démesuré,
Ne semble pas pouvoir s’en emparer,
Il n’en fera nul sacrifice au temple.
C’est un bouddha de gueules méditant
Sur le retour et la fuite du temps,
Voyant tourner le disque de l’Histoire ;
C’est un bouddha de sinople qui rit
De ce calice où le reptile est pris :
Qu’adviendra-t-il, si le prêtre veut boire ?
Sagesse d’un oiseau d’azur
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Ce bel oiseau, qui la lune contemple,
Jusque si loin ne veut s’aventurer ;
Cet astre est mort, n’allons pas l’explorer,
Car de folie ce serait un exemple.
L’oiseau s’élève et son vol est très ample,
Mais dans son corps, rien n’est démesuré ;
Nul oiseleur ne peut s’en emparer,
Nul braconnier, ni nul gardien du temple.
Apprends-moi donc, joli piaf méditant,
À quel loisir je dois passer mon temps,
Moi qui cultive une vie sans histoire.
Ne fais donc rien, dit cet oiseau qui rit,
Prends ton plaisir, c’est toujours ça de pris,
Et n’oublie pas : fais des pauses pour boire.
Tour exoplanétaire
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Un exilé qui trois soleils contemple
Ne sait combien son séjour va durer ;
De son retour il n’est point assuré,
D’un tel salut ne sont guère d’exemples.
Le temps est calme et les loisirs sont amples
À condition de rester emmuré ;
Ses compagnons, il en est séparé,
Avec lesquels il buvait, rue du Temple.
Il reste là, sombrement méditant,
Autour de lui s’est ralenti le temps,
Autour de lui va s’éteindre l’histoire.
Sous le ciel clair ou les nuages gris,
Il songe à tout ce qu’il n’a pas compris,
À ses échecs ainsi qu’à ses déboires.