Poème 'Je vis haut élevé sur colonnes d’ivoire' de Joachim DU BELLAY dans 'Les antiquités de Rome'

Accueil > Les poètes > Poèmes et biographie de Joachim DU BELLAY > Je vis haut élevé sur colonnes d’ivoire

Je vis haut élevé sur colonnes d’ivoire

Joachim DU BELLAY
Recueil : "Les antiquités de Rome"

Je vis haut élevé sur colonnes d’ivoire,
Dont les bases étaient du plus riche métal,
A chapiteaux d’albâtre et frises de cristal,
Le double front d’un arc dressé pour la mémoire.

A chaque face était portraite une victoire,
Portant ailes au dos, avec habit nymphal,
Et haut assise y fut sur un char triomphal
Des empereurs romains la plus antique gloire.

L’ouvrage ne montrait un artifice humain,
ais semblait être fait de cette propre main
Qui forge en aiguisant la paternelle foudre.

Las, je ne veux plus voir rien de beau sous les cieux,
Puisqu’un oeuvre si beau j’ai vu devant mes yeux
D’une soudaine chute être réduit en poudre.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

  1. Le neveu trépassant élève un cor d'ivoire,
    Un ange prend son âme en cet instant fatal.
    Il abandonne aux monts ses armes de métal
    Et de plusieurs chevaux la sereine mémoire.

    Il ne sait si, mourant, il obtint la victoire ;
    Il songe aux pleurs de sa promise au corps nymphal
    Et trouve que sa mort n'a rien de triomphal.
    Mais bon, raisonne-t-il, j'ai fait ça pour la gloire.

    L'empereur qui semblait au-dessus des humains
    Voit s'écouler ses pleurs et trembloter ses mains ;
    Il se sent comme un arbre abattu par la foudre.

    Plus sombre est son regard que la face des cieux ;
    La montagne se dit qu'un éclair de ses yeux
    Frappant les grands rochers, les réduirait en poudre.

  2. D’un ange et d’un dragon
    --------------

    Ce dragon survivait sans rechercher la gloire,
    Qui d’un ange méchant reçut un coup fatal ;
    Il était revêtu d’écailles de métal,
    Mais cela ne lui fut qu’une armure illusoire.

    L’ange va boire un coup pour fêter sa victoire,
    Auprès d’une serveuse au sourire nymphal ;
    Ensuite il organise un banquet triomphal
    Et veut son nom marqué dans les livres d’histoire.

    Loin d’être un chérubin, c’est un ange inhumain,
    Toujours la rage au coeur et le glaive à la main ;
    Contre un dragon paisible il se sert de la foudre.

    Tout ça n’est pas courant chez un ange des cieux ;
    Une flamme d’enfer s’allume dans ses yeux,
    Tout autour de son corps règne une odeur de poudre.

Rédiger un commentaire

Joachim DU BELLAY

Portait de Joachim DU BELLAY

Joachim du Bellay est un poète français né vers 1522 à Liré en Anjou, et mort le 1er janvier 1560 à Paris. Sa rencontre avec Pierre de Ronsard fut à l’origine de la formation de la « Pléiade », groupe de poètes auquel Du Bellay donna son manifeste, « la Défense et illustration de la langue... [Lire la suite]

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS