Je t’ai rêvée en la naïveté des choses…
Je t’ai rêvée en la naïveté des choses,
Et j’ai parlé de toi aux plus vieilles d’entre elles,
À des champs, à des blés, aux arbres, à des roses. -
Elles n’en seront pas pourtant plus éternelles,Mais d’elles ou de moi celui qui doit survivre
En gardera quelque douceur pour ses vieux jours…
Je m’en vais les quitter, puisque voici les givres.
Tu ne les connaîtras jamais… les temps sont courts…Mais vous ne pouvez pas vous être indifférentes,
Simplement parce que je vous ai très aimées…
Ô les toutes petites et si vieilles plantes !
Moi qui ne me les suis jamais imaginéesHors de leur sol natal, ce m’est un grand chagrin
De savoir qu’elles mourront sans t’avoir connue…
Elles ont des airs si résignés, si sereins,
Et si tristes de ce que tu n’es pas venue !…Que mon coeur soit pour toi le grand champ paternel,
Où si tu n’es pas née au moins tu dois mourir.
Que je te plante en moi, germe de toute rose,
Pour oublier que tu vécus ailleurs qu’en moi. -Et tu passeras moins qu’ont passé bien des choses. -
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Henry BATAILLE
Henry Bataille est un dramaturge et poète français né à Nîmes le 4 avril 1872, décédé à Rueil-Malmaison le 2 mars 1922 dans sa propriété du « Vieux Phare ». D’une famille bourgeoise (son père était magistrat à la cour d’appel de Paris) originaire du département de l’Aude, il perdit... [Lire la suite]
Carl von Linné
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Le grand Carl von Linné se promène en chaussons ;
Il note quelle plante a des feuilles frisées,
Qui pourra dans son livre être immortalisée,
Et qu’il voudra nommer d’un nom de sa façon.
Il connaît en latin des fables, des chansons,
Ainsi que plus d’un conte à la morale osée ;
De la soif de savoir est sa vie embrasée,
Une espèce inconnue lui procure un frisson.
Son esprit est actif, son coeur est une flamme,
Les plus belles pensées fleurissent dans son âme ;
C’est un grand érudit, un chercheur invaincu.
Lui, qui produit une oeuvre à nulle autre seconde,
Se demande parfois s’il a vraiment vécu,
S’il s’est bien pénétré de la beauté du monde.
Sagesse d’une paire de pantoufles
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Nous occupons un coin de la chambre aux murs verts,
Nul rêve ne survient en notre âme dormante ;
Nous aimons contempler la soubrette charmante,
Elle met de la joie dans ce calme univers.
Jamais elle ne dit si l’amour la tourmente,
Elle le dissimule au fond de ses yeux clairs ;
Notre maître est épris, qui sans en avoir l’air
Se confond en égards pour sa chère servante.
Accompagnant ses pas, car c’est notre boulot,
Nous suivons le couloir sans prendre le galop ;
Plus vite cependant que ne vont les tortues.
Dans la pièce d’entrée nous attend le manteau,
Lequel voisine avec son pote le chapeau ;
À nouer ses lacets le maître s"évertue.