Je t’aime, loin de toi …
Je t’aime, – loin de toi ma pensée obstinée,
Et, par l’instinct d’amour à l’amour ramenée,
Revient vers toi, voltige alentour de ton cou,
De tes yeux, de tes seins, comme un papillon fou,
Et, grise de tourner dans ton cercle de femme,
Reste des jours entiers sans rentrer dans mon âme…Je t’aime, et, malgré moi, je m’en vais par les rues
Où flotte un souvenir des choses disparues,
Où je sens, pénétré d’amère volupté,
Qu’encore un peu de toi dans l’air tendre est resté,
Où ton passage embaume encor, où je respire
Je ne sais quoi qui garde encor de ton sourire.Mon coeur est tout pareil à ces matins voilés
D’automne où le soleil des beaux jours en allés,
Vaporeux à travers le ciel mélancolique,
Épanche une langueur de lumière angélique…Ainsi mon coeur. Ah ! Si, comme aux soirs de jadis,
Tu plongeais dans mes yeux tes yeux de paradis,
Va, tu n’y trouverais nul grand air ridicule
Mais de l’amour, mais un amour de crépuscule
Pâle et voilé, couché sur un cher souvenir,
Qu’enivre, tristement, la douceur de mourir.
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Albert SAMAIN
Albert Samain, né à Lille le 3 avril 1858, mort à Magny-les-Hameaux le 18 août 1900, est un poète symboliste français. Son père étant décédé alors qu’il n’avait que 14 ans, il dut interrompre ses études pour gagner sa vie et devint employé de commerce. Vers 1880, il fut envoyé à Paris, où il décida de rester.... [Lire la suite]
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