Je sens bannir ma peur et le mal que j’endure…
Je sens bannir ma peur et le mal que j’endure,
Couché au doux abri d’un myrte et d’un cyprès,
Qui de leurs verts rameaux s’accolant près à près
Encourtinent la fleur qui mon chevet azure !Oyant virer au fil d’un musicien murmure
Milles nymphes d’argent, qui de leurs flots secrets
Bebrouillent en riant les perles dans les prés,
Et font les diamants rouler à l’aventure.Ce bosquet de verbrun qui cette onde obscurcit,
D’échos harmonieux et de chants retentit.
Ô séjour aimable ! ô repos précieux !Ô giron, doux support au chef qui se tourmente !
Ô mes yeux bien heureux éclairés de ses yeux !
Heureux qui meurt ici et mourant ne lamente !
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Théodore Agrippa d'AUBIGNÉ
Théodore Agrippa d’Aubigné, né le 8 février 1552 au château de Saint-Maury près de Pons, en Saintonge, et mort le 9 mai 1630 à Genève, est un écrivain et poète baroque français protestant. Il fut aussi l’un des favoris d’Henri IV, du moins jusqu’à la conversion de celui-ci. Théodore décide alors de rédiger la plus grande... [Lire la suite]
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Tu l'as dit, Agrippa, la vie n'est pas si dure.
N'avons-nous pas sur nous les ombres des cyprès
Que nous aimons, bien qu'ils côtoient la mort de près ;
L'existence est bien douce en ces coins de verdure.
Si de plus, en ton coeur, la poésie murmure,
Si l'amour (au grand jour ou dans un lieu secret)
Te fait mettre en chanson quelques fabuleux traits,
Nul ne peut désirer plus charmante aventure.
Si ta rime jamais d'un deuil ne s'obscurcit,
Si ton esprit toujours scintille et retentit,
Je rendrai mon hommage à ton don précieux.
Je sais que ton corps a traversé des tourmentes,
Que l'Histoire a produit des drames sous tes yeux ;
Mais ta muse te garde, une si belle amante !
Or, sable, sinople
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La mouche se posa sur la muraille dure
Au lieu de se cacher dans l’ombre d’un cyprès ;
L’insecte en profita pour admirer de près
L’image tracée là, comme une enluminure.
Si ton oreille fine entendait son murmure,
Tu surprendrais alors le compliment secret
Adressé à l’auteur de ces fabuleux traits,
Peintre dont le pinceau sur les murs s’aventure.
Or, nous ne craignons point le ciel s’obscurcisse;
Ni qu’un bourdonnement trop fort ne retentisse:
Invisible sera cette intruse en ces lieux.
Le peintre, cependant, sur un point se tourmente:
Faut-il portraiturer la bestiole obsédante ?
Peintre, oublie-la plutôt, le mur sans elle est mieux.