Je passe mon exil parmi de tristes lieux…
Je passe mon exil parmi de tristes lieux,
Où rien de plus courtois qu’un loup ne m’avoisine,
Où des arbres puants fourmillent d’écurieux,
Où tout le revenu n’est qu’un peu de résine,Où les maisons n’ont rien plus froid que la cuisine,
Où le plus fortuné craint de devenir vieux,
Où la stérilité fait mourir la lésine,
Où tous les éléments sont mal voulus des cieux.Où le Soleil, contraint de plaire aux destinées,
Pour étendre mes maux allonge ses journées,
Et me fait plus durer le temps de la moitié;Mais il peut bien changer le cours de sa lumière,
Puisque le Roi perdant sa bonté coutumière
A détourné pour moi le cours de sa pitié.
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Théophile de VIAU
Théophile de Viau, né entre mars et mai 1590 à Clairac et mort le 25 septembre 1626 à Paris, est un poète et dramaturge français. Poète le plus lu au XVIIe siècle, il sera oublié suite aux critiques des Classiques, avant d’être redécouvert par Théophile Gautier. Depuis le XXe siècle, Théophile de Viau est défini... [Lire la suite]
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Théophile en galère
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Théophile, on t'a mis dans un étrange lieu,
Sans même, emprès ta porte, une accorte voisine !
Sa Majesté t'avait accoutumé à mieux,
Lorsqu'il te nourrissait des plats de sa cuisine.
La faveur est hybride, ainsi que Mélusine,
Changeante comme sont, dans le printemps, les cieux :
L'autre jour, tu avais la reine pour cousine,
À présent, tu t'ennuies parmi de pauvres vieux.
Tu es barde, et ne dois craindre ta destinée :
Qu'elle soit malheureuse, ou belle et fortunée,
Rhapsode que tu es, tu n'y crois qu'à moitié.
En exil avec toi, ta muse familière
Te prodigue toujours sa joie et sa lumière :
De la reine ou du roi, c'est toi qui as pitié.