Je ne suis pas de ceux pour qui les causeries…
IMITÉ DE WORDSWORTH.
Je ne suis pas de ceux pour qui les causeries,
Au coin du feu, l’hiver, ont de grandes douceurs ;
Car j’ai pour tous voisins d’intrépides chasseurs,
Rêvant de chiens dressés, de meutes aguerries,Et des fermiers causant jachères et prairies,
Et le juge de paix avec ses vieilles sœurs,
Deux revêches beautés parlant de ravisseurs,
Portraits comme on en voit sur les tapisseries.Oh ! combien je préfère à ce caquet si vain,
Tout le soir, du silence, — un silence sans fin ;
Être assis sans penser, sans désir, sans mémoire ;Et, seul, sur mes chenets, m’éclairant aux tisons,
Écouter le vent battre, et gémir les cloisons,
Et le fagot flamber, et chanter ma bouilloire !
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Charles-Augustin SAINTE-BEUVE
Charles-Augustin Sainte-Beuve est un critique littéraire et écrivain français, né le 24 décembre 1804 à Boulogne-sur-Mer et mort le 13 octobre 1869 à Paris. Né à Moreuil le 6 novembre 1752, le père de l’auteur, Charles-François Sainte-Beuve, contrôleur principal des droits réunis et conseiller municipal à... [Lire la suite]
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Feuille détachée
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La feuille est sur le sol, elle n’est pas flétrie,
Qui, tombant l’autre jour, s’est posée en douceur ;
Elle eut le temps de dire au revoir à ses soeurs
Avant de s’exiler vers une autre patrie.
Vent, vas-tu l’emporter ver la lande fleurie ?
Lui feras-tu goûter du marais la noirceur ?
Quand il faut se remettre aux mains de ce passeur,
On s’en va vers les lieux dont il a seigneurie.
De ces divers endroits, jamais nul ne revint,
Ni de l’obscur étang, ni du profond ravin ;
Des absentes, pourtant, les arbres ont mémoire.
Ainsi va l’univers, en sa noble raison,
Les feuilles en plein air, les gens dans leurs maisons ;
Et quelques vieux sonnets, tout au fond d’une armoire.