Je meurs, et les soucis qui sortent du martyre
Je meurs, et les soucis qui sortent du martyre
Que me donne l’absence, et les jours, et les nuicts
Font tant, qu’à tous momens je ne sçay que je suis
Si j’empire du tout ou bien si je respire.
Un chagrin survenant mille chagrins m’attire
Et me cuidant aider moy-mesme je me nuis,
L’infini mouvement de mes roulans ennuis
M’emporte et je le sens, mais je ne le puis dire.
Je suis cet Acteon de ces chiens déschiré!
Et l’esclat de mon ame est si bien alteré
Qu’elle qui me devroit faire vivre me tuë:
Deux Desses nous ont tramé tout nostre sort
Mais pour divers sujets nous trouvons mesme mort
Moy de ne la voir point, et luy de l’avoir veuë.
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Songeries d’un petit insecte
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Je ne sais si je pense ou bien si je délire,
Car je rêve en plein jour ainsi qu’en pleine nuit ;
Mais j’aimerais pourtant savoir ce que je suis,
C’est mon principal voeu, c’est ce que je désire.
J’ai posé la question à ces fleurs qui m’attirent,
Elles m’ont répondu que trop de savoir nuit ;
J’ai posé la question au vert rameau de buis
Qui m’a pensivement regardé, sans rien dire.
Ça m’est peut-être égal, tout bien considéré,
Que me faut-il savoir pour mon destin gérer ?
Vainement un penseur à chercher s’évertue.
Il nous faut accepter l’opacité du sort,
En rendre compte n’est pas de notre ressort ;
Je vais boire un godet avec Dame Tortue.
À Léon Gerspach
Mon arrière grand-père a souffert le martyre,
Pendant la grande guerre, enfin, la grande nuit…
Je garde un souvenir précis et bon de lui,
Car il avait le chic pour provoquer mon rire.
Vous ne serez donc pas surpris d’entendre dire
Que si aux allemands, il causa des ennuis,
À l’enfant que j’étais, nullement il n’a nuit,
Ni au remplissage de ma tirelire !
Il fut un combattant maintes fois décoré,
Pour avoir sous le feu intensément œuvré
À ce que les liaisons demeurent continues.
Il n’évoquait jamais ces dangereux transports
De fils téléphoniques, entouré par la mort,
De toujours amuser, ne perdant pas de vue.
misquette.wordpress.com