Je meurs de soif en couste la fontaine
Je meurs de soif en couste la fontaine ;
Tremblant de froit ou feu des amoureux ;
Aveugle suis, et si les autres maine ;
Povre de sens, entre saichans l’un d’eulx ;
Trop negligent, en vain souvent songneux ;
C’est de mon fait une chose faiee,
En bien et mal par Fortune menee.Je gaingne temps, et pers mainte sepmaine ;
Je joue et ris, quant me sens douloreux ;
Desplaisance j’ay d’esperance plaine ;
J’atens bon eur en regret engoisseux ;
Rien ne me plaist, et si suis desireux ;
Je m’esjoïs, et cource a ma pensee,
En bien et mal par Fortune menee.Je parle trop, et me tais a grant paine ;
Je m’esbays, et si suis couraigeux ;
Tristesse tient mon confort en demaine ;
Faillir ne puis, au mains a l’un des deulx ;
Bonne chiere je faiz quant je me deulx ;
Maladie m’est en santé donnee,
En bien et mal par Fortune menee.ENVOI
Prince, je dy que mon fait maleureux
Et mon prouffit aussi avantageux,
Sur ung hasart j’asserray quelque annee,
En bien et mal par Fortune menee.
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Je lis, le soir, les vers de La Fontaine,
Ou les sonnets de Ronsard amoureux,
Ou Du Bellay en errance romaine ;
Je trace un mot ou l'autre, inspiré d'eux,
Ce ne sont que bouts-rimés besogneux
Qu'écrit ma plume à longueur de journée,
En prose et vers par les anciens menée.