Je connais un étang
… il est, au cœur de la vallée, un étang que
l’on nomme l’Etang mystérieux.Je connais un étang qui somnole, blêmi
Par l’aube blême et par le clair de lune ami.Un iris y fleurit, hardi comme une lance,
Et le songe de l’eau s’y marie au silence.Aucun souffle ne fait balancer les roseaux.
Le ciel qui s’y reflète a la couleur des eaux.Le flot recèle un long regret lascif et tendre,
Et le silence et l’eau trouble semblent attendre,Là, les larges lys d’eau lèvent leur front laiteux.
Les éphémères d’or y meurent, deux à deux…Je choisirai, pour te louanger, les paroles
Qui coulent comme l’eau parmi les herbes folles.Les lys semblent offrir leur coupe bleue au jour :
C’est l’élévation des calices d’amour.Les éphémères font songer, tournant par couples,
A des femmes valsant, ondoyantes et souples.Les lotus léthéens lèvent leur front pâli…
Ma Loreley, glissons lentement vers l’oubli.Dans un royal adieu, tenons-nous enlacées
Et mourons, comme les libellules lassées.Je te dirai : « Voici l’Etang mystérieux
Que ne connaîtront point les hommes curieux.« Viens dormir au milieu des lys d’eau… L’iris tremble,
Et nous nous étreignons, nous qui mourrons ensemble… »… Je connais un étang qui somnole, blêmi
Par l’aube blême et par le clair de lune ami.Et, sous l’eau de l’étang, qui mire les chimères,
Des femmes vont mourir, comme des éphémères…
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Renée VIVIEN
Renée Vivien, née Pauline Mary Tarn le 11 juin 1877 à Londres et morte le 18 novembre 1909 à Paris, surnommée « Sapho 1900 », est une poétesse britannique de langue française du courant parnassien de la Belle Époque. Renée Vivien était la fille d’une mère américaine et d’un père britannique fortuné qui mourut en 1886,... [Lire la suite]
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