Jason et Médée
A Gustave Moreau.
En un calme enchanté, sous l’ample frondaison
De la forêt, berceau des antiques alarmes,
Une aube merveilleuse avivait de ses larmes,
Autour d’eux, une étrange et riche floraison.Par l’air magique où flotte un parfum de poison,
Sa parole semait la puissance des charmes ;
Le Héros la suivait et sur ses belles armes
Secouait les éclairs de l’illustre Toison.Illuminant les bois d’un vol de pierreries,
De grands oiseaux passaient sous les voûtes fleuries,
Et dans les lacs d’argent pleuvait l’azur des cieux.L’Amour leur souriait, mais la fatale Epouse
Emportait avec elle et sa fureur jalouse
Et les philtres d’Asie et son père et les Dieux.
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José-Maria de HEREDIA
José-Maria de Heredia (né José María de Heredia Girard 1842-1905) est un homme de lettres d’origine cubaine, naturalisé français en 1893. En tant que poète, c’est un des maîtres du mouvement parnassien, véritable joaillier du vers. Son œuvre poétique est constituée d’un unique recueil, « Les... [Lire la suite]
Fleur d’uchronie
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Elle orne seulement la cinquième saison,
Fleur des temps incertains, fleur des grandes alarmes;
Par son pouvoir magique elle sèche nos larmes,
L’amour universel est en sa floraison.
D’autres fleurs dans leur coeur distillent des poisons,
Mais celle-ci nous offre uniquement ses charmes;
Un guerrier qui la voit va déposer les armes
Pour répandre aussitôt des bienfaits à foison.
Les elfes du jardin cessent leurs moqueries,
Je peux les voir danser sur la friche fleurie ;
Leur doux regard est bleu comme l’azur des cieux.
Puis Marie-Madeleine en cueille pour les Douze,
Pour Sainte Marthe aussi dont elle fut jalouse;
La fleur est un témoin de la grandeur de Dieu.
Floraison barbare
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La fleur du monde inculte ignore les saisons,
Elle vit sans contrainte et jamais ne s’alarme ;
Elle ne se plaint pas, ni ne verse de larmes,
Elle reste discrète au temps des floraisons.
D’après certains auteurs, ce serait un poison,
Détail qui, d’après eux, n’ôte rien à ses charmes ;
Personne n’a compris à quoi lui sert cette arme,
Sauf (peut-être) un reclus qui vit à Montoison.
Tu ne la verras point das les jardineries,
Ni dans tes excursions, ni dans tes flâneries;
Car cette fleur sans nom grandit sous d’autres cieux,
Elle, qui ne sait rien de nos vertes pelouses,
Elle, qui de nos prés n’est nullement jalouse,
Vit dans la paix de l’âme et s’en remet à Dieu.
Floraison barbare (retouche)
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La fleur du monde inculte ignore les saisons,
Elle vit sans contrainte et jamais ne s’alarme ;
Elle ne se plaint pas, ni ne verse de larmes,
Elle reste discrète au temps des floraisons.
D’après certains auteurs, ce serait un poison,
Détail qui, d’après eux, n’ôte rien à ses charmes ;
Personne n’a compris à quoi lui sert cette arme,
Sauf (peut-être) un reclus qui vit à Montoison.
Tu ne la verras point dans les jardineries,
Ni dans tes excursions, ni dans tes flâneries;
Car cette fleur sans nom grandit sous d’autres cieux,
Elle, qui ne sait rien de nos vertes pelouses,
Elle, qui de nos prés n’est nullement jalouse,
Vit dans la paix de l’âme et s’en remet à Dieu.
Nourrit, blanchit, logé, dorloté
Sûr que son patient vit son ultime saison,
Le psychiatre devant son équipe s’alarme :
« Il est vide d’émois, ni sourires, ni larmes,
Et d’un mot, nous scrutons, en vain, la floraison ! ».
Sont prescrits des cachets (pour lui c’est du poison)
Sensés changer sa vie, lui redonner du charme,
Qu’ils feint d’ingurgiter avant de cracher l’arme
Chimique ensalivée à même le gazon.
Tous les après-midis se passent en flâneries
Dans les allées du parc jusqu’à la sonnerie
Annonçant le dîner, un moment fort précieux ;
Son esprit peut errer par-delà des pelouses
Et produire des vers qu’il glisse dans la blouse
D’une tendre infirmière au sourire gracieux.
misquette.wordpress.com