Poème 'J’ai vu, dans de vieux salons…' de Francis JAMMES dans 'De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir'

Accueil > Les poètes > Poèmes et biographie de Francis JAMMES > J’ai vu, dans de vieux salons…

J’ai vu, dans de vieux salons…

Francis JAMMES
Recueil : "De l'Angélus de l'aube à l'Angélus du soir"

J’ai vu, dans de vieux salons, des tableaux flamands,
où, dans une auberge noire, on voyait un type
qui buvait de la bière, et sa très mince pipe
avait un point rouge et il fumait doucement.

Il avait le nez violet et bonne mine,
c’était peut-être un très heureux négociant
qui avait des vaisseaux très lourds, des bâtiments
pleins de beaux ornements dorés, allant en Chine.

Il faisait le commerce des draps recherchés,
des épices, et devait avoir dans sa chambre
des choses drôles, des pipes à gros bout d’ambre,
des vestes de femmes turques, de beaux objets.

Il avait sans doute une femme rouge et blanche
qu’il caressait le soir dans son lit de richard.
Et il vivait considéré, se levant tard,
pour aller se promener, le poing sur la hanche.

Mais parfois ses affaires réclamaient ses soins.
Il était obligé de courir la contrée
pour offrir ses marchandises, mais à l’entrée
de la nuit, il gagnait une auberge bien loin.

Pour le défendre des larrons, sa belle épée
était par lui suspendue au pied de son lit,
près des beaux coffres de fer des Indes, sortis
des grands bazars des capitales fortunées.

Et le peuple l’honorait lorsque, près des quais,
ses beaux bâtiments pleins de belles galeries
gonflaient, comme les belles bannières qui plient,
leurs voiles où les marins luisants étaient gais.

1888.

Poème préféré des membres

Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

Aucun commentaire

Rédiger un commentaire

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS