J’écoute dans la nuit
J’écoute dans la nuit rager le vent d’automne,
Sous les toits gémissants combien de galetas
Où des mourants songeurs que n’assiste personne
Se retournant sans fin sur de vieux matelas
Écoutent au dehors rager le vent d’automne.Sonne, sonne pour eux, vent éternel, ton glas !
Au plus chaud de mon lit moi je me pelotonne
Oui! je ferme les yeux, je veux rêver, si las,
Que je suis dans l’azur, au haut d’une colonne
Seul, dans un blanc déluge éternel de lilas.Mais zut! j’entends encor rager ce vent d’automne.
Messaline géante, oh! ne viendras-tu pas
M’endormir sur tes seins d’un ron-ron monotone
Pour m’emporter, bien loin, sur des grèves, là-bas
Où l’on n’entend jamais jamais le vent d’automne.
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Jules LAFORGUE
Jules Laforgue, né à Montevideo le 16 août 1860 et mort à Paris le 20 août 1887, est un poète du mouvement décadent français. Né dans une famille qui avait émigré en espérant faire fortune, il est le deuxième de onze enfants. À l’âge de dix ans, il est envoyé en France, dans la ville de Tarbes d’où est originaire... [Lire la suite]
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