Poème 'J’aime l’aube aux pieds nus qui se coiffe de thym' de Albert SAMAIN dans 'Le chariot d'or'

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J’aime l’aube aux pieds nus qui se coiffe de thym

Albert SAMAIN
Recueil : "Le chariot d'or"

J’aime l’aube aux pieds nus qui se coiffe de thym,
Les coteaux violets qu’un pâle rayon dore,
Et la persienne ouverte avec un bruit sonore,
Pour boire le vent frais qui monte du jardin,

La grand’rue au village un dimanche matin,
La vache au bord de l’eau toute rose d’aurore,
La fille aux claires dents, la feuille humide encore,
Et le divin cristal d’un bel oeil enfantin.

Mais je préfère une âme à l’ombre agenouillée,
Les grands bois à l’automne et leur odeur mouillée,
La route où tinte, au soir, un grelot de chevaux,

La lune dans la chambre à travers les rideaux,
Une main pâle et douce et lente qui se pose,
« Deux grands yeux pleins d’un feu triste »,et,sur toute chose

Une voix qui voudrait sangloter et qui n’ose…

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Commentaires

  1. La plaine aux odeurs de thym
    Que le soleil d’été dore
    Est emplie de chants sonores
    Comme un immense jardin,

    Chaque dimanche matin,
    Les villageois, dès l’aurore,
    S’en vont l’admirer encore,
    Ah, quel plaisir enfantin !

    Les femmes agenouillées
    Dans la douce odeur mouillée,
    Les moutons et les chevaux,

    Les chambres aux vieux rideaux,
    Les papillons qui se posent,
    L’immense douceur des choses..

    Je veux en parler, je n’ose...

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