Intérieur
A grands plis sombres une ample tapisserie
De haute lice, avec emphase descendrait
Le long des quatre murs immenses d’un retrait
Mystérieux où l’ombre au luxe se marie.Les meubles vieux, d’étoffe éclatante flétrie,
Le lit entr’aperçu vague comme un regret,
Tout aurait l’attitude et l’âge du secret,
Et l’esprit se perdrait en quelque allégorie.Ni livres, ni tableaux, ni fleurs, ni clavecins ;
Seule, à travers les fonds obscurs, sur des coussins,
Une apparition bleue et blanche de femmeTristement sourirait – inquiétant témoin -
Au lent écho d’un chant lointain d’épithalame,
Dans une obsession de musc et de benjoin.
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Paul VERLAINE
Paul Marie Verlaine est un poète français, né à Metz le 30 mars 1844 et mort à Paris le 8 janvier 1896. Paul Verlaine est avant tout le poète des clairs-obscurs. L’emploi de rythmes impairs, d’assonances, de paysages en demi-teintes le confirment, rapprochant même, par exemple, l’univers des Romances sans paroles des plus... [Lire la suite]
La licorne, sortant de sa tapisserie,
Au jardin du musée lentement descendrait,
Dans lequel un conteur, se tenant en retrait,
Méditerait une ode à la Vierge Marie.
Respirant la puissance et nullement flétrie,
N'ayant du Moyen Âge aucunement regret,
La licorne parcourt un passage secret
Aux murs ornés de mille et une allégories.
Morgane au loin l'accueille au son du clavecin.
Licorne et fée, ayant le flanc sur des coussins,
Se font porter du thé par une jeune femme.
Le conteur de cela ne fut pas le témoin,
Au jardin composant quelques épithalames ;
Un vers, par-ci par-là, n'en était pas bien joint.
Voir
https://paysdepoesie.wordpress.com/2013/09/09/une-licorne-pour-verlaine/
Sagesse du hérisson
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J’aime le Portugal, j’aime la Bulgarie,
Tous les jardins du monde ont pour moi des attraits ;
Aux regards des humains, souvent, je me soustrais,
Blasé de leur langage et de leurs singeries.
Je parle avec mon frère ou avec ma chérie,
L’un pour l’autre n’ayant pas le moindre secret ;
Ou bien, nous échangeons quelques clins d’oeil discrets,
N’exagérant jamais dans nos taquineries.
Certains jours, nous dînons chez mon cousin, l’oursin ;
Il sait nous proposer des aliments très sains,
Il est plutôt beau gosse, il sait parler aux femmes.
Il se moque de nous, ça ne va pas bien loin,
Il s’en faut de beaucoup que le torchon ne crame ;
Il respecte les gens, sa parenté, du moins.
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Quand un hérisson
Va dîner chez un oursin,
Il apporte à boire.