Initiation
Du haut du ciel profond, vers le monde agité,
S’abaissent les regards des âmes éternelles :
Elles sentent monter de la terre vers elles
L’ivresse de la vie et de la volupté ;Les effluves d’en bas leur dessèchent les ailes,
Et, tombant de l’éther et du cercle lacté,
Elles boivent, avec l’oubli du ciel quitté,
Le poison du désir dans les coupes mortelles.Pourtant, dans leur exil, un reflet du ciel bleu
Les remplit du dégoût des choses passagères ;
Mais c’est par la douleur qu’on franchit les sept sphères ;L’initiation, qui fait de l’homme un dieu,
La mort en tient les clefs ; le sacrifice épure,
Et le sang rédempteur lave toute souillure.
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Louis MÉNARD
Louis-Nicolas Ménard, né à Paris le 19 octobre 1822 et mort à Paris le 9 février 1901, est un écrivain et poète français. Condisciple de Baudelaire au lycée Louis-le-Grand, il entra ensuite à l’École normale. Peu après avoir publié en 1843 un ouvrage intitulé « Prométhée délivré » sous le... [Lire la suite]
De pourpre à un crocodile d'or
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Ce crocodile est vif, mais jamais agité ;
Il ne se soucie pas de son âme éternelle,
N'ayant jamais appris à compter avec elle,
Il est tout à son oeuvre et à sa volupté.
Il ne regrette pas de ne pas avoir d'ailes :
Dans l'onde, il manifeste assez d'agilité,
Sur terre, il peut courir avec rapidité,
À ces deux éléments, il reste donc fidèle.
Il ne se bâtit point une vie chaste et pure,
Ne souffrant pas beaucoup du dégoût des souillures,
Presque toute pitance étant propre, à ses yeux.
Il ne veut pas, non plus, fréquenter d'autres sphères ;
Elle lui suffit bien, cette vie passagère,
Cette plage d'argent que surplombe un ciel bleu.
Le seigneur Caracal
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Du seigneur Caracal, l’esprit fut agité
D’un nombre indéfini de questions éternelles ;
Tout en étant d’accord que sa vie était belle,
Il se plongeait aussi dans des perplexités.
Il voyait Cupidon partir à tire-d’aile,
L’ondine disparaître avec agilité,
Le corbeau s’esquiver avec rapidité,
La cigogne s’enfuir, ainsi que l’hirondelle.
Il avance en rêvant dans l’atmosphère pure,
Car, dans son vieux domaine, il n’est point de souillures,
Un reflet de l’Eden se présente à ses yeux.
Dans le nocturne ciel naviguent d’autres sphères ;
Les planètes aussi ne sont que passagères,
Et ce nuage noir traversant le ciel bleu.