Il faut que le poëte, épris d’ombre et d’azur
Il faut que le poëte, épris d’ombre et d’azur,
Esprit doux et splendide, au rayonnement pur,
Qui marche devant tous, éclairant ceux qui doutent,
Chanteur mystérieux qu’en tressaillant écoutent
Les femmes, les songeurs, les sages, les amants,
Devienne formidable à de certains moments.
Parfois, lorsqu’on se met à rêver sur son livre,
Où tout berce, éblouit, calme, caresse, enivre,
Où l’âme, à chaque pas, trouve à faire son miel,
Où les coins les plus noirs ont des lueurs du ciel;
Au milieu de cette humble et haute poésie,
Dans cette paix sacrée où croît la fleur choisie,
Où l’on entend couler les sources et les pleurs,
Où les strophes, oiseaux peints de mille couleurs,
Volent chantant l’amour, l’espérance et la joie;
Il faut que, par instants, on frissonne, et qu’on voie
Tout à coup, sombre, grave et terrible au passant,
Un vers fauve sortir de l’ombre en rugissant!
Il faut que le poëte, aux semences fécondes,
Soit comme ces forêts vertes, fraîches, profondes,
Pleines de chants, amour du vent et du rayon,
Charmantes, où soudain, l’on rencontre un lion.Paris, mai 1842.
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Victor HUGO
Victor-Marie Hugo, né le 26 février 1802 à Besançon et mort le 22 mai 1885 à Paris, est un écrivain, dramaturge, poète, homme politique, académicien et intellectuel engagé français, considéré comme l’un des plus importants écrivains romantiques de langue française. Fils d’un général d’Empire souvent... [Lire la suite]
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N'écris pas trop limpide, écris comme un vivant.
Trouble soit ta chanson, puisque la vie est telle.
Sache surtout que nulle amour n'est éternelle,
Même si ton surmoi trouve ça décevant,
*
La vie est un enfer. D'accord, c'est énervant.
Elle n'est, pour autant, chaque jour si cruelle ;
L'horreur de certains soirs est une horreur partielle.
Nous voyons le poète, en de tels cas, trouvant
*
Dans ces sursauts d'espoir, matière à narration,
Mais le malheur aussi est une inspiration.
N'écris pas que la vie est toujours infernale,
*
Ce n'est pas ta mission. Montre, dans le lointain,
Comment prend consistance un bonheur incertain
Fait de douce lumière et de saveurs banales.
Dégagez l'idée général de ce texte
Lion d’azur insouciant
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Il ne croit pas au Dieu de l’Ancien Testament,
N’en pense même rien, mais honore quand même
Le fils du charpentier, on peut dire qu’il l’aime,
Lui dont le petit livre est plus beau qu’un roman.
C’est un fauve sans haine et sans rugissements,
Amateur de boisson, savourant des poèmes
Sous le soleil ardent et sous la lune blême ;
Le désert est pour lui un parfait logement.
Il n’a jamais souffert d’une ardeur militante,
Ni jamais prononcé de phrases éclatantes,
Ni jamais massacré la gazelle aux beaux yeux ;
Il aime se baigner dans une eau rafraîchie ;
Il aime aussi peigner sa crinière blanchie
Et rire de sa vie à la face des cieux.
Caca