Hymne
Amour qui voles dans les nues,
Baisers blancs, fuyant sur l’azur,
Et qui palpites dans les mues,
Au nid sourd des forêts émues ;Qui cours aux fentes des vieux murs,
Dans la mer qui de joie écume,
Au flanc des navires, et sur
Les grandes voiles de lin pur ;Amour sommeillant sur la plume
Des aigles et des traversins,
Que clame la sibylle à Cume,
Amour qui chantes sur l’enclume ;Amour qui rêves sur les seins
De Lucrèce et de Messaline,
Noir dans les yeux des assassins,
Rouge aux lèvres des spadassins ;Amour riant à la babine
Des dogues noirs et des taureaux,
Au bout de la patte féline
Et de la rime féminine ;Amour qu’on noie au fond des brocs
Ou qu’on reporte sur la lune,
Cher aux galons des caporaux,
Doux aux guenilles des marauds ;Aveugle qui suis la fortune,
Menteur naïf dont les leçons
Enflamment, dans l’ombre opportune,
L’oreille rose de la brune ;Amour bu par les nourrissons
Aux boutons sombres des Normandes ;
Amour des ducs et des maçons,
Vieil amour des jeunes chansons ;Amour qui pleures sur les brandes
Avec l’angélus du matin,
Sur les steppes et sur les landes
Et sur les polders des Hollandes ;Amour qui voles du hautain
Et froid sourire des poètes
Aux yeux des filles dont le teint
Semble de fleur et de satin ;Qui vas, sous le ciel des prophètes,
Du chêne biblique au palmier,
De la reine aux anachorètes,
Du coeur de l’homme au coeur des bêtes ;De la tourterelle au ramier,
Du valet à la demoiselle,
Des doigts du chimiste à l’herbier,
De la prière au bénitier ;Du prêtre à l’hérétique belle,
D’Abel à Caïn réprouvé ;
Amour, tu mêles sous ton aile
Toute la vie universelle !Mais, ô vous qui m’avez trouvé,
Moi, pauvre pécheur que Dieu pousse
Diseur de Pater et d’Ave,
Sans oreiller que le pavé,Votre présence me soit douce.
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Germain NOUVEAU
Germain Marie Bernard Nouveau, né le 31 juillet 1851 à Pourrières (Var) où il est mort le 4 avril 1920, est un poète français. Il est l’aîné des 4 enfants de Félicien Nouveau (1826-1884) et de Marie Silvy (1832-1858). Germain Nouveau perd sa mère alors qu’il n’a que sept ans. Il est élevé par son... [Lire la suite]
Essaim d'ânes
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Les ânes volent dans les nues,
Car ils se nourrissent d'azur ;
Par aucun frein, par aucun mur
N'est leur fantaisie retenue.
Ils passent dans un bruit de plumes,
Aux clochers sonne le tocsin,
Les dragons crachent leur écume ;
-- Ânes, quel est votre dessein ?
-- Nous ne cherchons pas la fortune
Ni ce qui pousse au noir terreau ;
Nous allons dévorer la lune,
Qui reste interdite aux marauds.
Je vais regarder si la lune est toujours là après le passage de ces petits ânes angelots.
Voir aussi
https://paysdepoesie.wordpress.com/2016/05/04/essaim-danes/