Hiéroglyphe
J’ai trois fenêtres à ma chambre :
L’amour, la mer, la mort,
Sang vif, vert calme, violet.Ô femme, doux et lourd trésor !
Froids vitraux, odeurs d’ambre.
La mer, la mort, l’amour,
Ne sentir que ce qui me plaît…Femme, plus claire que le jour !
Par ce soir doré de septembre,
La mort, l’amour, la mer,
Me noyer dans l’oubli complet.Femme! femme! cercueil de chair !
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Charles CROS
Charles Cros, né à Fabrezan (Aude) le 1er octobre 1842, originaire d’une famille de Lagrasse (Aude) et mort à Paris le 9 août 1888, est un poète et inventeur français. Passionné de littérature et de sciences, il fut un temps, de 1860 à 1863, professeur de chimie à l’Institut parisien des Sourds-Muets, avant de se... [Lire la suite]
Pigeons de mars
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Trois pigeons picorent dans l'herbe,
Un roux, un gris, un blanc ;
Ils me regardent d'un oeil vif.
Pigeons, mes invités charmants !
Les intonations de leur verbe :
Du blanc, du roux, du gris,
Un discours pas toujours naïf.
Pigeons, faites-vous de l'esprit ?
Près du jardin mûrit la gerbe,
Du gris, du blanc, du roux ;
Le printemps est un peu hâtif.
Pigeon, tel un paon, fait la roue !
Fleur-hiéroglyphe
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On la trouve en Éden, auprès d’un vieux pommier,
Celui qui vit venir un tentateur notoire ;
Elle s’incline au vent, cette fleur sans histoire,
En se remémorant Adam,le jardinier.
Sur la branche de l’arbre est un pigeon ramier
Qui de ces temps bénis conserve la mémoire ;
Un hibou lui succède au coeur de la nuit noire,
Qui pour cueillir la pomme est souvent le premier.
Ces oiseaux pour ailleurs bientôt vont s’envoler,
Je pense qu’il leur plaît d’aller batifoler ;
La fleur s’endormira dans l’ombre du feuillage.
Les humains de jadis en d’autres terres sont ;
Mais l’arbre se souvient d’une de leurs chansons,
Quelques vers qui parfois flottaient dans leur sillage.