Hélène
Azur! c’est moi… Je viens des grottes de la mort
Entendre l’onde se rompre aux degrés sonores,
Et je revois les galères dans les aurores
Ressusciter de l’ombre au fil des rames d’or.Mes solitaires mains appellent les monarques
Dont la barbe de sel amusait mes doigts purs;
Je pleurais. Ils chantaient leurs triomphes obscurs
Et les golfes enfuis aux poupes de leurs barques.J’entends les conques profondes et les clairons
Militaires rythmer le vol des avirons;
Le chant clair des rameurs enchaînes le tumulte,Et les Dieux, à la proue héroïque exaltés
Dans leur sourire antique et que l´écume insulte,
Tendent vers moi leurs bras indulgents et sculptés.
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Paul VALÉRY
Ambroise Paul Toussaint Jules Valéry est un écrivain, poète, philosophe et épistémologue français, né à Sète (Hérault) le 30 octobre 1871 et mort à Paris le 20 juillet 1945. Né d’un père d’origine corse et d’une mère génoise, Paul Valéry entame ses études à Sète (alors orthographiée Cette) chez les... [Lire la suite]
Paul Léautaud a, dans un de ses entretiens, descendu ce poème en flamme (il n'aime pas en général Valéry) . Il remarque (assez intelligemment à mes yeux) que les mots dernier vers "bras indulgents et sculptés" et l'épithète "indulgent" renvoie à une idée morale, ce qui n'est pas le cas pour l'épithète "sculpté" qui renvoie à une technique artistique. Ce qui donne au dernier vers un côté précieux et "chercheur d'effet" assez déplaisant mais tout à fait dans le genre de Valéry.
A propos de correspondance de mots dans les vers, chose importante, il y a le très bel exemple de la rime très rare et très difficile dite "mystique", techniquement mauvaise rime mais correspondant mystérieusement : le grand Baudelaire l'a utilisé une fois de manière magistrale dans son maintenant reconnu poème "je n'ai pas oublié, voisine de la ville.." , se terminant ainsi "... Répandant largement ses beaux reflets de serge / Sur la nappe frugale et les rideaux de serge". Les deux mots "cierge" et "serge" riment à peine.. Et pourtant ils sont admirablement assemblés car ils se correspondent "mystiquement".
C'est autre chose que "leurs bras indulgents et sculptés" !
Poème de Baudelaire que vous pouvez retrouver ici : lien
"
...
Répandant largement ses beaux reflets de cierge
Sur la nappe frugale et les rideaux de serge.
"
Tendresse de la baleine
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Je te vois naviguer près des rives d’Armor,
Sur ton immense corps sont des reflets solaires ;
Ainsi voguaient jadis d’imposantes galères,
Vers Rome transportant de fabuleux trésors.
Tu n’es plus un gibier pour les pêcheurs du port,
Tu ne rencontres plus que des nefs débonnaires ;
À Brest je n’entends plus résonner le tonnerre,
Ni les marins jurer par les mille sabords.
Baleines et dauphins bientôt nous parleront,
C’est cela que m’a dit Maître Gaston Miron ;
Ils diront quelques mots, sans faire de vacarme.
Ils nous raconteront les récifs enchantés
Sur lesquels on entend la sirène chanter,
Eux qui en aucun cas ne tombent sous son charme.
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https://schabrieres.wordpress.com/category/gaston-miron/
TOUCHEZ PAS A VALERY SVP!!!!
Barques
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Les modestes canots d’Armor
Quittent les ports dans l’aube claire ;
Ils sont moins lourds que des galères,
Plus lestes pour tirer des bords.
Nous ne trouverons nul trésor,
Mais des poissons bien ordinaires ;
Pas de sirène débonnaire,
Mais quelques vieux crabes retors.
Large voile et longs avirons,
Nos nefs longtemps navigueront
Et toujours garderont leur charme.
Dans les ports les moins fréquentés,
Nul ne nous viendra tourmenter,
... Pas même un vétilleux gendarme.