Hasards noirs des voyages
I
Parfaitement éveillée et très belle
A-t-elle le pain qu’il lui faut
Elle n’a que sa beauté
Cet éclat perché haut comme une étoile seule
Pourtant la terre est làII
Pour voir la terre il faut voir
L’homme et ses enfants hors d’âgeNul n’a de nom ni d’empire
III
Ô ma muette désolée
Le chasseur ivre prend ta place
Contemplons le souverain maître
Il s’engourdit
L’acier prolongeait sa prunelle
Pour lui maintenant le monde est couchéIV
Et sous les couvertures dures de la terre
La vie est pleine comme un œuf
D’un bouquet d’ombres colorées ombres formées et mûres
Et de jolies yeux purs riant à des langues tiréesV
Ô ma sœur mon bel amant
Je te garde le soleil
Le bel espoir du soleil
Je te réchaufferai
Je te désaltéreraiVI
La clarté perce les murs
La clarté perce tes yeux
Tu vas voir et tu vivrasVII
Nos caresses d’or nos vagues lustrées
Nos corps confondus le temps transparent
Nous concevrons le bonheur
Dans le plus grand des miroirs.
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Paul ÉLUARD
Paul Éluard, de son vrai nom Eugène Émile Paul Grindel (14 décembre 1895 à Saint-Denis – 18 novembre 1952 à Charenton-le-Pont ), est un poète français. C’est à l’âge de vingt et un ans qu’il choisit le nom de Paul Éluard, hérité de sa grand-mère, Félicie. Il adhère au dadaïsme et est l’un des... [Lire la suite]
Au labeur
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Passez la charrue sur vos terres,
Elles vous nourriront ;
De terre d'or on a la bière,
Le sol n'est point larron.
Terre de sinople est l'empire
Des bestiaux pâturant ;
Puis les jardins où l'on respire
Des parfums enivrants.
De gueules terre est pour la vigne
D'où l'on tire un nectar ;
Le charpentier le jugea digne
D'être son avatar.
Terre de sable est aux légumes,
C'est pour le pot-au-feu,
Ou pour cultiver des agrumes
Sous le soleil en feu.
Terre d'argent est pour les vases
Et pour les jolis plats ;
Que l'on pétrit, que l'on écrase,
On ne s'en lasse pas.
Terre d'azur, pour mes poèmes,
Et c'est le vaste ciel,
Puis toutes les choses que j'aime
Et dont je fais mon miel.
Cent mille nefs d'argent
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Cent mille nefs d'argent lunaire
Un jour s'envoleront ;
On croira voir, dans leur lumière,
L'âne de Gonfaron.
Elles traverseront l'empire
Des aériens courants ;
Bénissant tout ce qui respire,
D'un geste rassurant.
Elles traceront un poème
Au long du vaste ciel,
Sur le plus important des thèmes :
L'amour, c'est essentiel.
Fruits noirs
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Soleil d’une chaude journée,
Soleil sur les arbres dormants ;
Les fruits s’échauffent gentiment
Ainsi qu’ils le font chaque année.
Bien que la branche en soit ornée,
Ce ne sont pas des ornements ;
Ils vivent là, tout simplement,
Leur existence assez bornée.
Je les vois noircir sous mes yeux
(Car j’aime tarder en ce lieu) ;
À des blocs de charbon je songe.
Est-ce un bonheur ? Est-ce un malheur ?
Étaient-ils mieux en leur pâleur ?
En perplexité je me plonge.
PROUT!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!