Harmonie du soir
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige ;
Valse mélancolique et langoureux vertige !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir.Le violon frémit comme un coeur qu’on afflige,
Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir !
Le ciel est triste et beau comme un grand reposoir ;
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige.Un coeur tendre, qui hait le néant vaste et noir,
Du passé lumineux recueille tout vestige !
Le soleil s’est noyé dans son sang qui se fige…
Ton souvenir en moi luit comme un ostensoir !
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Charles BAUDELAIRE
Charles Pierre Baudelaire est un poète français, né à Paris le 9 avril 1821 et mort le 31 août 1867 à Paris. Il est l’un des poètes les plus célèbres du XIXe siècle : en incluant la modernité comme motif poétique, il a rompu avec l’esthétique classique ; il est aussi celui qui a popularisé le poème en... [Lire la suite]
L'amour est une fleur dont la vie est la tige,
Nos poèmes ne sont que vapeurs d'encensoirs ;
La fin est assombrie par la venue du soir,
Puis survient, dans la nuit, un semblant de vertige.
Nos poèmes ne sont que vapeurs d'encensoirs ;
Au plus profond des bois le son du cor s'afflige,
Puis survient, dans la nuit, un semblant de vertige,
Pour l'âme solitaire éternel reposoir
Au plus profond des bois le son du cor s'afflige,
Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ?
Pour l'âme solitaire éternel reposoir ;
Le café refroidi au fond du bol se fige.
Peut-on illuminer un ciel bourbeux et noir ?
De ce soir envoûtant je n'ai pas de vestige.
Le café refroidi au fond du bol se fige,
Le fils du charpentier dort dans son ostensoir.
Voici naître une fleur étrangère à sa tige ;
la vendange déjà la convoque au pressoir ;
un œil entre deux clins la voit en train de choir ;
le clore ne ferait qu’accroître le vertige.
La vendange déjà la convoque au pressoir ;
son cœur à ciel ouvert a le sang qui voltige ;
le clore ne ferait qu’accroître le vertige !
L’horloge bat encore aux obsèques du soir.
Son cœur à ciel ouvert a le sang qui voltige
au centre de l’essaim que lance l’encensoir ;
l’horloge bat encore aux obsèques du soir,
bien que l’éternité ne soit plus qu’un vestige.