Gris-Blanc de sentiment à pic excavé…
Paul CELAN
Recueil : "Renverse du souffle"
Gris-Blanc de
sentiment à pic
excavé.Vers l’intérieur des terres, jusqu’ici
balayé par le vent le seigle-de-mer souffle
des motifs de sable sur
la fumée de chants de fontaine.
Une oreille, séparée, écoute.Un oeil, coupé en bandes,
rend justice à tout cela.
Poème préféré des membres
Aucun membre n'a ajouté ce poème parmi ses favoris.
Commentaires
Rédiger un commentaire
Paul CELAN
Paul Celan (23 novembre 1920 – 20 avril 1970) est un poète et traducteur roumain de langue allemande, né Paul Pessach Antschel au sein d’une famille juive allemande à Cernăuți – Roumanie -, l’ancienne Czernowitz, et naturalisé français le 8 juillet 1955. C’est peut être le plus grand poète de langue... [Lire la suite]
Soleil gris
-------
Cet astre n’a qu’un tiède feu,
Timide et faible est sa lumière ;
Son grand corps retourne en poussière,
Il s’illumine comme il peut.
Il est faible, car il est vieux,
Bientôt s’éteindra sa chaudière ;
Il rejoindra le cimetière,
Il dormira, ça vaudra mieux.
Il s’essouffle, sa vie s’envole,
Il ne dit aucune parole ;
Il part, sans la grâce de Dieu.
Il se souvient de ses ivresses,
Du plaisir qu’il eut dans les cieux ;
Il reste roi de sa détresse.
... et producteur d'hélium.
Loup gris
--------
Je n’ai pas une âme vassale,
Moi qui fais ma vie en solo ;
Le temps m’emporte dans son flot,
Le vent sur moi souffle en rafales.
J’ai pour amante une cavale
Qui vers moi rapplique au galop ;
Son ex est un vieux cachalot
Que lui a pris une rivale.
Je ne suis pas un loup de mer ;
Ma vie est terrestre, c’est clair,
Prosaïque sans être morne.
Parmi mes ancêtres lointains
Figurent des bêtes à cornes
Avec de jolis noms latins.
Âne gris
----
Ma vie n(est pas originale,
Car je suis un être falot ;
Je me laisse aller dans le flot
De mon existence banale.
Je n’ai séduit nulle cavale
Je suis trop pris par mon boulot
Je ne me plains pas, c’est mon lot,
C’est ma pente que je dévale.
J’entends la rumeur de la mer,
C’est un son qui n’est pas amer ;
Cette mer n’est pas la Mer Morne.
Je vois des horizons lointains ;
Un berger souffle dans sa corne,
C’est sa prière du matin.