Poème 'Genèse' de Silence

Genèse

Silence

Les moutons bêlent, la gazelle pleure ;
Les lions hurlent quand les chiens aboient.
D’une campagne calme crie le coeur :
Ô savane, divine terre sans lois !

Tu es la lie de l’élixir des songes
L’aube et l’horizon, la nature enfin !
L’ardeur de ton astre implacable ronge
Le bucolique, et d’orangé le teint.

L’herbe frissonne un salut ; jamais plus
Ce vert tendre ne lèchera nos pieds :
Entre les pousses des plantes tordues
Ils fouleront la terre désirée.

Adieu ruisseaux, pâturages, bergère !
Vos courbes n’adouciront plus mon être :
C’est attiré par un sombre mystère
Qu’il abandonne l’ombre amie du hêtre !

L’azur se fend, ou plutôt la nuit tombe
Alors que je marche vers l’imparfait :
Les arbres m’enferment dans une tombe,
M’empêchent de perdre de vue leur faît.

Pitoyables sylphes ! Y pensez-vous ?
Vous n’obtiendrez jamais qu’un corps offert,
Prêt à être livré aux crocs des loups,
Quand mon âme veut s’unir à la terre !

Lieu onirique où sang et sève s’aiment !
C’est là que mes pas hésitants me guident :
Et peu à peu le bosquet se parsème
De rayons roux, nés de la lune vide.

L’écho des cris de ma bergère danse
Sur mon crâne nu ; mais des feulements
Le noient dans le bruit ; la douce attirance
Succombe vite à l’odeur de l’encens.

J’y suis ! La silhouette solitaire
D’un arbre immémorial me domine
Là les peuples ne s’aident que du fer
Pour chasser et gibier et famine.

On semble vivre plus intensément
En ces contrées lointaines : le danger
N’est ici plus un loup, mais un serpent
Une hyène, ou un autre carnassier.

Horizon nu ! Tu accueilles en ton sein
Des peuplades d’ébène aux grands yeux blancs :
Seuls, protégés par leurs dieux africains
Ils vivent comme à l’aube de nos temps.

Genèse ! Je te revis, endormie
Dans l’herbe rêche. Mon esprit confond :
Qui, d’Adam ou de l’homme que je vis
Toucha Eve, qui porte un autre nom ?

Embrasée par l’aube du septième jour
J’ose m’approcher des sombres seigneurs
Je me lève, marche et enfin cours
Née ici, je ne connais plus d’ailleurs.

Quelques foulées et je suis dans l’ivresse
Partout, des sourires, une joie pure :
Famille de couleur, leurs corps me pressent
Je suis leurs danses que la grâce épure.

Et dans les cabanons, pendant la nuit
On se délecte d’exotiques mets ;
Les hommes aiment les courbes polies
Des femmes ; mon regard suit leurs yeux gais.

Grisée, mon corps ondule sous leurs chants,
Et téméraire, j’enjôle une vierge
L’amour naît de l’arrondi de ses flancs :
Ma langue des plaisirs frôle la berge.

C’est pour moi sur ce sein pointu que perle
La sueur de mon génie, cette liqueur
Au goût brûlé, qui à la fin démêle
Les cheveux de ma Maure au nom de fleur.

Poème préféré des membres

IVA a ajouté ce poème parmi ses favoris.

Commentaires

Aucun commentaire

Rédiger un commentaire

Silence

Image de Silence

Nom : non renseigné

Prénom : Marion

Naissance : 18/12/1996

Présentation : C'est le silence qui me guide, le silence qui m'emplit, le vide du ciel après la pluie, la fraîcheur d'une main sur mon dos, et enfin la senteur, le parfum de ta nuque, l'aube de ta chevelure,...

Accéder à sa page de poésie

© 2024 Un Jour Un Poème - Tous droits réservés
UnJourUnPoeme sur Facebook UnJourUnPoeme sur Twitter RSS