Galatée
Le front ceint de fucus et de corail amer,
Parmi la floraison des glauques madrépores,
Galatée apparaît sous les voûtes sonores
De la grotte, qu’emplit le rire de la Mer.Des coquilles de nacre et des algues charnues
Se meuvent lentement autour d’elle, et l’azur
De ses grands yeux contemple au fond de l’antre obscur
Des coins d’ombre hantés de frêles formes nues :Divinités du gouffre, Ames ou fleurs de chair
Autour de Galatée écloses, foule amie
Veillant et sur la Perle et la Nymphe endormie,Tandis qu’entre les rocs glisse et luit, morne éclair
De convoitise en rut, la prunelle ennemie
Du Cyclope, batteur et ciseleur de fer.
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Jean LORRAIN
Paul Alexandre Martin Duval, dit Jean Lorrain, est un écrivain français à très forte tendance parnassienne, né à Fécamp le 9 août 1855 et mort à Paris le 30 juin 1906.
Jean Lorrain a été l’un des écrivains scandaleux de la Belle Époque, au même titre que Rachilde, Hugues Rebell et Fabrice Delphi. Ses œuvres peuvent... [Lire la suite]
Polyphème et la llicorne
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Le cyclope a rêvé qu’il prenait son plaisir
Avec une licorne en de charmants parages ;
Lui, qui si rarement assouvit son désir,
Vit son âme s’emplir d’un amoureux courage.
Ayant, le lendemain, quelque temps de loisir,
En quête de licorne il parcourut l’ombrage ;
Mais par les deux ou trois qu’il a voulu choisir,
Son discours enflammé fut pris comme un outrage.
Tout seul vers sa caverne il dut s’en retourner ;
De la noble Aphrodite il fut abandonné,
C’était là son destin, mais comment s’y résoudre ?
En vain Bacchus tenta d’effacer ce souci ;
Qui peut soigner un arbre abattu par la foudre ?
Ce monde nous dépasse, et nos amours aussi.